Le Journal de Montreal

Le falafel pour rassembler les juifs et les musulmans

Un petit établissem­ent montréalai­s fait fi du conflit israélo-palestinie­n

- NADIA LEMIEUX

Le propriétai­re juif et le gérant musulman d’un petit restaurant de Montréal déconstrui­sent les mythes sur les relations en Israël.

Ronen Baruch est un Israélien juif. Saleh Seh est musulman d’origine palestinie­nne.

Et oui, ils sont de grands amis et partenaire­s depuis près de 15 ans.

Ils ont fait du restaurant Falafel SaintJacqu­es l’un des endroits de prédilecti­on des résidents de l’arrondisse­ment de Lachine.

Contrairem­ent aux croyances populaires, nous apprend M. Baruch, ce qui se passe dans son restaurant reflète la réalité quotidienn­e en Israël.

« On vit ensemble au jour le jour. Le conflit, il existe, mais ce n’est pas un conflit entre les gens. Ici, tout le monde laisse la politique à l’extérieur avant de rentrer pour manger un falafel. »

Le conflit israélo-palestinie­n fait rage au Proche-Orient depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’Organisati­on des Nations unies procédait au partage de la Palestine et que l’État d’Israël était créé.

Les épisodes de violence en Israël et en Palestine sont depuis hautement médiatisés à travers la planète.

« Ce qu’on entend aux nouvelles, ce n’est pas toute la réalité. On entend juste le mauvais, regrette M. Seh. Les gens ont besoin de paix. La politique, on l’oublie ici ».

La clientèle du Falafel Saint-Jacques est aussi diverse que le personnel et « tout le monde est content » de partager un repas.

IMMIGRATIO­N

Ronen Baruch a immigré à Montréal il y a 30 ans. Il avait 20 ans. Depuis, il exploite des entreprise­s en restaurati­on.

En 2004, il embauchait Saleh Seh, tout juste débarqué à Montréal, comme stagiaire dans sa fabrique de pitas. Ils n’ont jamais cessé de collaborer depuis.

« On a développé une relation très forte, précise M. Baruch. Je peux avoir confiance en lui à 100 % . [...] Il est devenu mon bras droit absolu. »

« Nous sommes de très bons amis, ajoute M. Seh. On connaît nos familles, ce n’est pas juste moi et lui. Quand [Ronen] va en Israël, il visite ma famille. »

Fondé en 2015 et servant uniquement de la nourriture végétarien­ne et végane, le Falafel Saint-Jacques est populaire.

PLUSIEURS LANGUES

Aux heures achalandée­s du dîner, le petit resto est rempli de clients, conversant entre eux et avec les employés en hébreu, arabe, anglais ou français.

« La bonne nourriture, ça rapproche les gens, observe M. Baruch. Ça réduit les différence­s, parce qu’au bout du compte, il n’y a pas de différence­s. »

Fort de son succès, le restaurant ouvrira cet été une deuxième succursale sur la rue Notre-Dame, à Lachine, au coin de la 13e Avenue. Ce nouvel emplacemen­t proposer a une combinaiso­n restaurant pâtisserie, où il sera possible de déguster un café et une viennoiser­ie traditionn­elle dans un espace café.

« On veut en ouvrir de plus en plus. Le plan, c’est d’ouvrir des restaurant­s tout autour de la ville », confie le gérant M. Seh.

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PHOTO AGENCE QMI, PHILIPPE-OLIVIER CONTANT Le gérant musulman Salem Seh (à gauche) et le propriétai­re juif Ronen Baruch dans leur restaurant Falafel Saint-Jacques.

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