Le Journal de Montreal

L’avion d’affaires de Bombardier bientôt retrouvé ?

- SYLVAIN LAROCQUE

Exportatio­n et développem­ent Canada (EDC) a obtenu en Afrique du Sud un jugement qui lui permettra vraisembla­blement de récupérer le jet d’affaires Bombardier que la société d’État fédérale a financé, mais dont elle a perdu la trace.

Dans une décision de 40 pages rendue hier, la juge Fayeeza Kathree-Setiloane de la Haute Cour d’Afrique du Sud a ordonné que l’avion de luxe, un Global 6000, soit ramené à Johannesbo­urg d’ici deux semaines, puis cloué au sol.

« EDC est satisfaite de la décision favorable et attend avec impatience la remise de l’aéronef », a déclaré un porte-parole d’EDC, Phil Taylor.

PRÊT COSTAUD

L’appareil appartient aux frères Gupta, des hommes d’affaires en disgrâce en raison d’allégation­s de corruption impliquant également l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, qui a dû démissionn­er le mois dernier. EDC leur a accordé en 2015 un prêt de 41 M$ US pour acquérir le Global 6000, soit près de 80 % de la valeur de l’avion.

EDC a mis fin au prêt en décembre, soutenant que les Gupta étaient en défaut de paiement. Au début février, les Gupta ont répliqué en désactivan­t le système permettant la localisati­on publique de l’appareil. À son dernier repérage, l’avion ralliait l’Inde, pays d’origine des Gupta, à Dubaï.

FINS ILLICITES ?

« Pourquoi les Gupta ne veulent-ils pas qu’on puisse suivre les déplacemen­ts de l’avion ? Il y a une forte possibilit­é que ce soit pour que l’avion puisse être utilisé à des fins illicites », écrit la magistrate.

Si l’avion n’était pas retracé, EDC pourrait perdre 27 M$ US, soit la somme non encore remboursée par les frères Gupta.

L’affaire fait mal paraître EDC et Bombardier. Selon le Globe and Mail, les Gupta ont obtenu des conditions d’achat avantageus­es pour le Global 6000, en retour de quoi ils auraient usé de leur influence pour permettre à Bombardier de décrocher un contrat de 1,2 G$ US de Transnet, une société ferroviair­e sud-africaine à laquelle EDC a octroyé un prêt de 450 M$ US. Bombardier et EDC nient toute malversati­on dans le cadre de cette transactio­n.

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