Le Journal de Montreal

Tout est relatif

La mission de Laura Lémerveil atténue la 4e place d’Alex Harvey aux JO

- Alain Bergeron ABergeronJ­DQ

QUÉBEC | « Crève-coeur », « tristesse », « désolation » : tous les superlatif­s y ont passé lorsque Alex Harvey a échappé la médaille qu’il espérait tant aux Jeux olympiques de Pyeongchan­g. Le dessin que lui a tendu Vanessa Néron à son arrivée à l’aéroport de Québec, hier, saura bien la remplacer, cette fichue médaille.

Chez toutes les familles soutenues par Laura Lémerveil, on sait tout de la quatrième place déchirante vécue par leur athlète chouchou à l’épreuve de 50 km des Jeux. Quand on s’approche de cet organisme voué aux polyhandic­apés, pour lequel Harvey agit comme porte-parole depuis quatre ans, on peut entendre se dégonfler tous les résultats soufflés avec le même air que le ballon médiatique.

« Nos enfants sont très souvent en quatrième place, mais ils atteignent parfois la première. Quand Vanessa réussit seulement à plier un carton quand elle fait une carte de Noël, c’est une victoire. Le but ultime n’est pas nécessaire­ment le rang où tu finis. Il faut arriver à se demander “es-tu fier de toi ?” » nous enseigne Joanne Néron, qui a quitté la fonction publique après une carrière de 18 années pour devenir coordonnat­rice des services financiers à Laura Lémerveil, il y a huit ans, là où sa fille trouve son bonheur.

« JE SUIS CHANCEUX »

Alex Harvey a répété hier avoir digéré sa déception d’avoir raté le podium olympique. Qui dit retour à la maison dit aussi retour à la réalité. L’un de ses premiers contacts captés par les caméras à l’aéroport l’a montré, avec sa compassion naturelle, s’approchant de Vanessa Néron qui, à 26 ans, a presque le même âge que lui. Deux mondes venaient de se rencontrer. Pour cette bénéficiai­re de Laura Lémerveil, elle avait maintenant devant lui, enfin, le skieur qu’elle ne reconnaît que sur des photos.

« C’est pour ça que je suis chanceux de parrainer un organisme comme ça parce que ça me permet de relativise­r les choses », avoue l’athlète de 29 ans.

« Oui, ce sont les Jeux olympiques, je suis en super santé, je suis dans la meilleure forme de ma vie, je voyage autour du monde, je suis indépendan­t et je suis libre de faire tout ce que je veux. Quand je vois ces gens-là en chaise roulante et leurs parents qui s’en occupent 24 heures sur 24, je sais que ce n’est pas seulement l’enfant qui souffre, c’est toute la famille autour. »

UNE INSPIRATIO­N

Voir le champion du monde en personne, pour Vanessa, s’inscrit dans la mission de Laura Lémerveil, où stimuler ces gens à la restrictio­n extrême d’autonomie donne de beaux résultats. Joanne Néron se souvient avoir entendu des médecins, à sa sortie de l’hôpital Sainte-Justine, dire que son enfant allait devoir être gavée toute sa vie, si peu sa vie allait durer.

Les progrès de la médecine ont amélioré le sort des polyhandic­apés. Les stimulus également. Comme celui venant d’un champion du monde de ski de fond.

« Tous ceux qui participen­t aux Olympiques, même ceux qui s’entraînent pour s’y rendre, on représente 1 % de la société en santé. On est tellement chanceux. Ces genslà ont de bien plus grands défis que nous à relever jour après jour », rappelle Harvey.

« On est très honorés qu’il nous ait choisis pour agir comme porte-parole », affirme Sandra Lambert, fondatrice de Laura Lémerveil.

« Il est une inspiratio­n pour notre monde. Il l’a démontré de la façon qu’il a réagi après sa quatrième place aux Jeux. On a vu qu’il y avait une personne derrière l’athlète. Comme il y a une personne derrière chacun de nos enfants. »

Le Comité internatio­nal olympique ne possède pas toujours la récompense ultime pour un athlète. Un comité d’accueil local peut aussi s’en charger.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK Alex Harvey a été accueilli par l’organisme Laura Lémerveil, dont il est le porte-parole. Joanne Néron était sur place avec sa fille Vanessa.
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