Quand le peuple se lève
L’image du propriétaire des Sénateurs Eugene Melnyk en prend pour son rhume à Ottawa. Quatre panneaux publicitaires réclamant son départ sont disposés à travers la ville depuis hier. Le message est simple et clair. Ça se lit ainsi : #MELNYKOUT. Comme quoi le gazon n’est pas plus vert chez les Sénateurs que chez le Canadien.
La personne derrière cette campagne s’appelle Spencer Callaghan, qui a recueilli un montant de 10 000 $ du public pour l’aider à payer les réclames. Les affiches resteront en place deux semaines. Une cinquième s’ajoutera au début d’avril.
DISTANCE AVEC LES AMATEURS
S’il ne s’agit pas d’une première, on ne se trompe pas en disant qu’il est rare que des amateurs expriment leur mécontentement de façon aussi visible à l’endroit d’un propriétaire. Le problème est qu’on n’écarte pas un propriétaire facilement.
« Le message est que nous aimons notre équipe et que nous sommes prêts à lui maintenir notre appui autant dans les bons que dans les mauvais moments », a expliqué M. Callaghan au journaliste Tom Spears, du National Post.
« Ce que nous n’acceptons pas, c’est que l’organisation a perdu le contact avec sa base de partisans et la communauté. »
M. Melnyk l’a cherché un peu. Il ne s’est pas fait d’amis lorsqu’il a évoqué la possibilité, en décembre dernier, de déménager les Sénateurs, en réaction aux faibles assistances au Centre Canadian Tire.
La situation ne s’est pas arrangée aux guichets depuis. La moyenne d’assistance aux matchs des Sénateurs ne s’élève qu’à 15 827 spectateurs (24e dans la Ligue nationale), ce qui représente 85,8 % de la capacité de leur amphithéâtre.
RIEN N’EST ACQUIS
Si on ne parle pas encore de catastrophe à Montréal, il reste que Geoff Molson ne doit pas aimer ce qu’il observe dans sa cour en cette saison désastreuse du Canadien. Ce n’est pas son genre de faire des sorties à la Eugene Melnyk, mais il ne tient pas pour autant sa clientèle pour acquise.
Dans une entrevue réalisée au début de la saison, le propriétaire du Canadien avait reconnu que les billets se vendaient moins rapidement. Il attribuait le phénomène à un changement dans les habitudes des consommateurs.
Aujourd’hui, il sera le premier à dire que le rendement décevant de son équipe n’aide en rien. Il avait noté la même chose quand son équipe ne s’était pas qualifiée pour les séries il y a deux ans.
De nombreux billets se vendent au rabais. Les cotes d’écoute accusent des baisses d’environ 20 % à TVA Sports et au Réseau des sports. La vente des produits dérivés est à la baisse.
Ça aussi, ça fait mal au portefeuille.
DISCOURS DIVERGENTS
Plusieurs amateurs sont déçus, non sans raison, qu’il continue de faire confiance à Marc Bergevin.
Son discours de la semaine dernière permet de croire que des changements se préparent au sein du personnel hockey du Canadien. Un chef d’entreprise ne dit pas qu’il faut regarder si on a les bonnes personnes en place pour la forme ou simplement pour dire ce que les gens veulent entendre.
Curieusement, Bergevin a raconté à des journalistes montréalais – qui l’ont questionné hier dans le cadre de la réunion des directeurs généraux qui se tient en Floride – qu’il n’apporterait pas des changements pour le simple fait d’en faire. Espérons qu’il disait ça pour ne pas avoir à dévoiler ses intentions.
MOIS CRUCIAUX
Il y a des faiblesses au sein de l’organisation. Les amateurs s’attendent à du changement. Le statu quo ne tient plus. On ne peut pas parler d’un accident de parcours.
Carey Price et Max Pacioretty connaissaient tous deux des saisons difficiles avant d’être blessés. Jonathan Drouin s’est cherché toute la saison. Alex Galchenyuk a connu des hauts et des bas.
La défense, que Bergevin a qualifiée de supérieure à celle de l’an dernier, a démontré tout le contraire. L’équipe a dégringolé du quatrième au 24e rang dans le domaine des buts accordés.
Sans entrer dans les détails, Bergevin a dit avoir observé, par contre, des choses qu’il n’a pas aimé cette saison et qu’il apportera les correctifs en temps et lieu.
Souhaitons que les décisions qu’il prendra lui soient profitables ainsi qu’au Canadien.