Fou de la course
Patrick Charlebois a participé au World Marathon Challenge l’année dernière : 7 marathons sur 7 jours sur 7 continents. Ce printemps, il s’improvise un Canadian Marathon Challenge : 10 marathons sur 10 jours dans les 10 provinces.
« Comme je suis le seul participant, je suis certain de gagner cette fois-ci ! » dit Patrick Charlebois, mi-sérieux. En 2017, le coureur s’était inscrit à World Marathon Challenge avec l’intention d’y enregistrer la meilleure performance...
« Mais c’est l’unique année où quatre coureurs professionnels ont confirmé leur présence ! » dit le coureur, qui s’est d’abord perçu comme victime d’un mauvais hasard avant de remarquer la chance qu’il a eue de côtoyer aussi intimement son idole, Ryan Hall.
« Il court le marathon en 2 h 4 », ajoute le gestionnaire de portefeuilles de profession.
UN COUREUR SUR ROUTE D’EXCEPTION
« Même mon entraîneur [Joël Bourgeois] trouve que je suis une drôle de bébitte », admet Charlebois. Il ne comprend pas que je tienne à courir aussi souvent sur le tapis, que je ne fasse jamais d’intervalles à moins qu’il m’en oblige et que je coure plus d’une centaine de kilomètres par semaine, pour le plaisir. »
Le livre Courir jusqu’au bout du monde de Charlebois ouvre la porte vers son univers, que bien des coureurs de fond, habitués d’être les extraterrestres de leurs voisins, reconnaîtront. Le coureur de Trois-Rivières, dont la performance au World Marathon Challenge s’inscrit au sommet du podium « chez les amateurs », précise-t-il, mi-satisfait, est aussi le seul Québécois ayant couru les six marathons majeurs (majors) du monde dans un temps moyen sous la barre des trois heures.
« Moyen ? » dis-je à la blague, consciente que la déception que lui a tirée son temps de 3 h 1 min 59 s à Tokyo n’est pas tout à fait digérée.
LA PERFORMANCE AU COEUR DE LA RÉUSSITE
C’est que Charlebois est à mille lieues des coureurs qui ne courent que pour raconter. L’homme court pour performer. Cela se sent, et cela s’entend.
« J’ai compris très jeune que pour être applaudi il faut arriver premier ou dernier », écrit-il. La dernière place n’est jamais une option. Le coureur ne ménage pas les efforts pour atteindre ses buts, se risquant à un volume de plus de 200 kilomètres de course à pied par semaine (dans trois semaines, il enchaînera quatre marathons… en entraînement !). Encore plus impressionnant, lorsqu’il ne cumule pas un nombre étonnant de kilomètres sur l’un de ses deux tapis roulants (« au cas où un se briserait ! »), il s’attaque à des entraînements d’aquajogging (doux sur les articulations, mais d’un ennui mortel), qui peuvent s’étirer pendant deux, trois, voire quatre heures.
« Disons qu’on me connaît bien à la piscine », dit Charlebois, tout sourire.
DES DÉFIS PLUS GRANDS QUE NATURE
« Si un défi ne me fait pas peur, ce n’est pas un bon défi », dit le coureur de Trois-Rivières. Dix marathons, en dix jours, dans dix provinces canadiennes, son Canadian Marathon Challenge… ça, ça lui fait peur.
« Après sept marathons, je ne sens pas que j’aurais pu continuer », précise le père de quatre adolescents, en référence au World Marathon Challenge. Pour en enchaîner trois de plus comme il devra le faire au Canadian Marathon Challenge, Charlebois devra ralentir sa vitesse de croisière… et augmenter son temps moyen par 42,2 km (3 h 14 au World Marathon Challenge). Or, réduire la cadence est une véritable torture pour le coureur qui a déjà couru un marathon en 2 h 40.
« C’est très difficile de courir lentement! » dit Charlebois, qui, huit semaines avant son départ, réfléchit toujours à sa meilleure stratégie. Il veut réussir son défi, mais franchir la ligne d’arrivée en un morceau ne lui sera jamais suffisant.
Incarnant l’excellence, Charlebois semble lui-même surpris de voir la grosseur du peloton rallié derrière lui, inspiré par son sourire franc et son zèle honnête.
Un meneur, tout en action, qui communique un dépassement rassembleur, un kilomètre à la fois.
MAINTENANT EN LIBRAIRIE
Dans Courir jusqu’au bout du monde, Patrick Charlebois remonte jusqu’à l’importance de son Walkman jaune comme carburant pour sa passion pour la course. On chemine avec lui dans les différentes étapes de sa vie, et les places que la course a alors eues dans celles-ci. Il nous raconte ses marathons, notamment sa conquête du titre des « big 5 (et 6) », puis son épopée à travers le monde dans le cadre du World Marathon Challenge.