Le Journal de Montreal

Son coeur ruiné par la drogue

Un homme de 23 ans veut sensibilis­er les jeunes aux ravages du speed et de la coke

- HUGO DUCHAINE Visionnez le cri du coeur de Joé Lagacé-Maillé jdem.com/drogue

En attente d’une greffe cardiaque à seulement 23 ans, Joé Lagacé-Maillé a livré un touchant message pour mettre les jeunes en garde contre les drogues.

Un jeune homme de 23 ans attend une greffe du coeur pour survivre parce qu’il a détruit le sien en consommant de la cocaïne et jusqu’à 10 comprimés de méthamphét­amines par jour.

« Je ne pensais pas en arriver là en gobant un speed ou en sniffant une ligne. Je ne pensais pas que ce serait catastroph­ique [...] C’est fou comment la vie peut tenir juste à un fil » confie Joé Lagacé-Maillé dans une vidéo publiée sur Facebook, vue et partagée des milliers de fois.

« Tout ça parce que j’ai voulu me geler la face comme un cave », souffle le jeune mécanicien-soudeur de Barraute, en Abitibi, couché dans son lit de l’Institut de cardiologi­e de Montréal.

S’il se dit « dompté » après avoir frôlé la mort, il espère maintenant que d’autres jeunes tireront les mêmes leçons que lui en voyant ce qu’il traverse.

Il est hospitalis­é depuis le 11 mars, quand il a été transporté d’urgence en avion depuis Amos. Il s’était rendu chez le médecin, car il était faible et fatigué depuis des mois, presque incapable de monter 10 marches d’escalier.

Son coeur ne fonctionne qu’à 10 % de sa capacité, dit-il. Son ventricule gauche, qui doit pomper son sang est presque arrêté. Demain ou lundi, il risque d’être opéré pour qu’on lui installe un coeur articifiel en attendant une greffe, sa seule chance de survie.

DÈS 12 ANS

Joé Lagacé-Maillé l’avoue, il a commencé à se droguer très jeune. Dès l’âge de 12 ans, il fumait du cannabis et buvait de l’alcool. Il voulait « triper » avec ses amis qui consommaie­nt eux aussi.

À 14 ans, il essayait les méthamphét­amines, sous forme de comprimés comme le speed. Pendant des années, il pouvait en prendre jusqu’à 10 comprimés par jour. Sans compter les trois lignes de cocaïne qu’il pouvait inspirer quotidienn­ement.

Il a aussi essayé l’ecstasy, le LSD et le crystal meth, raconte-t-il.

Pourtant, il avait réussi à presque tout arrêter depuis un an, après avoir rencontré sa copine actuelle. Mais il était trop tard, les ravages à son coeur étaient faits.

« Si je n’étais pas allé voir le médecin ce jourlà, j’aurais crevé chez moi », dit-il, conscient de l’avoir échappé belle, mais complèteme­nt abasourdi quand les médecins lui ont dit que sa consommati­on de drogue était la coupable.

« EXTRÊMEMEN­T TOXIQUE »

« Dix comprimés par jour, c’est énorme et extrêmemen­t toxique, surtout quand le corps n’est pas encore complèteme­nt formé », soutient l’expert Jean-Sébastien Fallu.

« Les stimulants posent un risque sur le système cardiovasc­ulaire et peuvent même entraîner des crises cardiaques ou des tachycardi­es [quand le coeur bat trop vite même au repos] », lance le spécialist­e en toxicomani­e et professeur à l’École de psychoéduc­ation de l’Université de Montréal, citant des études menées sur le sujet.

C’est d’ailleurs pourquoi Joé Lagacé-Maillé a choisi de faire une vidéo où il relate son expérience. Il veut à tout prix éviter qu’un autre jeune se retrouve dans la même situation que lui.

Les jeunes sont nombreux à sous-estimer ou même ignorer les dangers de la drogue, croit-il. Depuis qu’il a publié sa vidéo, il a reçu des dizaines de messages de gens qui lui ont avoué remettre en question leur propre consommati­on.

« T’as pas besoin de ça pour avoir du fun », assure-t-il, surtout qu’en consommant il se sentait lui-même pris dans un cercle vicieux. Quand il faisait la fête des nuits entières en prenant des amphétamin­es, il en reprenait le lendemain pour rester éveillé.

Aujourd’hui, sa vie est hypothéqué­e. Non seulement attend-il une greffe pour remplacer son coeur, mais il devra aussi prendre des médicament­s antirejet pour le reste de sa vie s’il veut le garder.

« JE NE PENSAIS PAS EN ARRIVER LÀ EN GOBANT UN SPEED OU EN SNIFFANT UNE LIGNE. JE NE PENSAIS PAS QUE CE SERAIT CATASTROPH­IQUE. » – Joé Lagacé-Maillé

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PHOTO HUGO DUCHAINE Joé Lagacé-Maillé a été transporté d’urgence depuis Amos à l’Institut de cardiologi­e de Montréal où il est confiné à son lit en attente d’une greffe de coeur.
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JEAN-SÉBASTIEN FALLU Expert en toxicomani­e

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