Le Journal de Montreal

Expulsé de l’école, il gère aujourd’hui des millions $

Un entreprene­ur voudrait rencontrer un jeune de 14 ans qui a été exclu de sa région

- STÉPHANIE GENDRON

SHERBROOKE | Un homme d’affaires originaire de Rivière-du-Loup qui a été expulsé de sa commission scolaire lorsqu’il avait 14 ans n’arrive pas à comprendre qu’on vienne de faire la même chose à un élève de cette région.

À la fin des années 1980, Frédéric Milliard avait 14 ans et peinait à réussir son secondaire 1 en raison d’un trouble d’attention, de dyslexie, de troubles du comporteme­nt et du divorce de ses parents.

On l’a alors exclu de toutes les écoles de la commission scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup.

« Je suis conscient que j’étais loin d’être un cas parfait, mais j’avais surtout besoin d’aide. Personne n’avait trouvé comment m’accrocher à l’école », évoque-t-il.

TRÈS DÉÇU

À 14 ans, il a enchaîné les petits boulots au salaire minimum comme pompiste et dans la restaurati­on rapide avant de suivre une formation en technologi­e gazière. Il dit avoir traversé beaucoup de difficulté­s en raison de la décision de la commission scolaire de l’exclure.

Aujourd’hui, il dirige une entreprise de fabricatio­n d’équipement­s d’enrobage bitumineux à Sherbrooke, qui emploie près de 80 personnes et fait des millions en chiffre d’affaires.

Récemment, un élève de Rivière-du-Loup a été exclu de la commission scolaire pour avoir entre autres fait le commerce de médicament­s d’ordonnance et pour ne pas avoir respecté son entente de réintégrat­ion.

L’enfant et ses parents ont été entendus par le conseil des commissair­es et la situation a été longuement analysée avant de décider de l’expulser.

Cette décision a déçu Frédéric Milliard, qui estime que les écoles ont beaucoup plus de ressources qu’à son époque et qu’on ne devrait jamais plus expulser un jeune de 14 ans.

« En 2018, je ne comprends toujours pas les raisons pour lesquelles nous arrivons à prendre des décisions aussi drastiques concernant l’avenir de nos enfants. À l’époque, ils étaient peut-être moins outillés, mais aujourd’hui ils le sont », a-t-il dit.

Père de trois garçons adolescent­s qui ont aussi des difficulté­s à l’école, il constate qu’ils reçoivent tout le soutien nécessaire pour réussir.

CONSÉQUENC­ES FUNESTES

Il souhaite que les commissair­es revoient leur décision avec le soutien de spécialist­es. Il ouvre aussi la porte au jeune élève ciblé pour discuter de son histoire avec lui.

« C’est tellement facile de se faire casser. Dans mon cas, ça m’a poussé à avoir du courage et à réussir. Mais pour d’autres, ça peut mener à frôler le suicide », dit Frédéric Milliard.

Le jeune expulsé de Rivière-du-Loup doit fréquenter quand même l’école jusqu’à 16 ans. Il peut aller dans une autre commission scolaire, à l’école privée ou se faire faire l’école à la maison.

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PHOTO COURTOISIE Frédéric Milliard, dans son usine de Produits Idéal Techniflam­me combustion à Sherbrooke.

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