Aucune accusation portée pour la mort du jeune Clément
La communauté cycliste déplore une banalisation des comportements illégaux
Des proches et des organismes craignent une banalisation des manoeuvres de conduite illégales alors qu’aucune accusation criminelle ne sera portée contre l’automobiliste qui a happé mortellement en octobre un jeune cycliste sur le mont Royal.
« C’est une grosse déception pour la communauté cycliste. C’est une manoeuvre qui était illégale, dangereuse […] Ça envoie un message que les automobilistes peuvent un peu faire ce qu’ils veulent », a déploré Antoine Malo, entraîneur au club cycliste Espoirs Laval, où Clément Ouimet performait.
ENQUÊTE
Le jeune homme de 18 ans est mort sur la voie Camillien-Houde le 4 octobre dernier. Il dévalait à vélo cette piste du mont Royal lorsqu’un véhicule Toyota Highlander, sortant d’une courbe, a effectué un demi-tour où la signalisation l’interdisait. Le cycliste l’a alors heurté « de plein fouet », a relaté hier dans un communiqué le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
Dans le cadre d’une enquête policière, des experts en reconstitution ont minutieusement analysé la scène et des témoins ont été interrogés.
Selon le DPCP, le conducteur du véhicule a affirmé avoir regardé dans ses rétroviseurs avant d’effectuer sa manoeuvre et ne pas avoir vu le cycliste. La vitesse ne serait également pas en cause dans cet accident mortel.
« Ainsi, une imprudence, une simple négligence ou une erreur de jugement sont insuffisantes pour engager la responsabilité criminelle d’un individu », a indiqué le DPCP, qui n’a donc porté aucune accusation criminelle contre le conducteur.
Le Service de police de la Ville de Montréal n’a pas été en mesure de confirmer hier si une contravention avait été remise au conducteur.
Selon Anne-Marie Boisvert, professeure de droit à l’Université de Montréal, la décision du DPCP de ne pas porter d’infraction pour conduite dangereuse à l’égard du conducteur nous rappelle que « tous les accidents ne sont pas criminels ».
BANALISATION
La présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, s’inquiète de « notre niveau de tolérance des manoeuvres illégales », qui seraient, selon elle, banalisées.
« Ça donne l’impression qu’en tant que cycliste on a moins notre place sur la route que les automobilistes », déplore quant à elle la porte-parole de Vélo fantôme, Gabrielle Anctil.
En point de presse hier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a affirmé respecter la décision du DPCP.
« Il n’en demeure pas moins qu’un cycliste est décédé », a-t-elle dit, rappelant qu’un projet-pilote sera mis en place prochainement pour interdire la circulation de transit sur le mont Royal.