Le Journal de Montreal

Nouvelle phase pour la présidence Trump

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Après plus d’un an, la MaisonBlan­che de Donald Trump demeure aussi chaotique qu’aux premiers jours, mais le président semble avoir gagné en assurance, de plus en plus confiant en ses capacités de tenir la barre dans la tourmente. Est-ce pour le mieux ?

Être président des États-Unis, c’est comme n’importe quel autre métier. Ça s’apprend.

Pour Donald Trump, qui n’avait aucune expérience de service public et ne connaissai­t rien des rouages de l’État, la courbe d’apprentiss­age a été particuliè­rement abrupte.

Dans ses premiers mois, on le sentait mal à l’aise dans ses nouveaux quartiers. Surpris par l’ampleur de la tâche, il s’en est souvent remis à l’expérience de ses conseiller­s.

Tant les partisans que les critiques de Trump souhaitaie­nt qu’avec le temps, l’assurance et la sagesse qui accompagne­nt normalemen­t l’expérience lui permettrai­ent de s’améliorer.

REGAIN DE CONFIANCE

Récemment, plusieurs observateu­rs ont noté un changement dans l’attitude du président, qui semble désormais convaincu de maîtriser les ficelles de son métier et de plus en plus disposé à se fier à son instinct.

Tant mieux, diront ses partisans indéfectib­les, qui ont probableme­nt voté davantage pour la personnali­té et l’instinct de l’homme que pour son expérience ou pour son programme.

Toutefois, alors que sa présidence entame une période particuliè­rement mouvementé­e, ce regain de confiance n’a rien de bien rassurant.

LE RÈGNE DE L’IMPROVISAT­ION

En effet, si le président est aujourd’hui plus à l’aise dans son rôle, l’organisati­on de la Maison-Blanche est aussi chaotique qu’avant — sinon plus. Trump semble aussi ignorant des mécanismes de l’État qu’au premier jour et, surtout, aussi peu enclin à apprendre.

C’est le règne de l’improvisat­ion, comme on l’a vu dans l’épisode des tarifs sur l’acier et l’aluminium, où le président fabriquait sa politique à mesure, ou quand il a décidé sur un coup de tête d’accepter sans condition préalable de rencontrer le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.

Plus récemment, on a senti la même improvisat­ion à l’occasion du licencieme­nt du numéro deux du FBI, Andrew McCabe.

L’ASSURANCE ET LA SAGESSE

Alors que Trump est plus que jamais déterminé à s’affirmer dans son rôle, son style de gestion ne s’améliore pas. Méprisant les experts, Trump se croit lui-même son meilleur conseiller et, pour l’accompagne­r dans cette nouvelle phase de sa présidence, il semble privilégie­r les « yes-men ».

Cette nouvelle confiance plaira aux partisans inconditio­nnels du président, mais elle risque de lui jouer de bien mauvais tours.

Par exemple, malgré la multitude d’avis contraires, Trump semble déterminé à s’engager dans des guerres commercial­es ruineuses. Dans le domaine militaire, son impulsivit­é pourrait l’amener à des décisions encore plus regrettabl­es.

Un autre coup de tête qui lui serait probableme­nt politiquem­ent fatal serait d’interrompr­e l’enquête de Robert Mueller, même si plusieurs républicai­ns y voient déjà un motif de destitutio­n.

Bref, si Donald Trump semble avoir gagné en assurance dans cette nouvelle phase de sa présidence, il est loin d’être clair qu’il ait gagné en sagesse.

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