Pierre Karl Péladeau craint une délocalisation des détaillants
Pierre Karl Péladeau craint une délocalisation des détaillants et des entreprises culturelles qui désirent offrir à leurs clients un congé de taxes comme les géants américains du commerce en ligne.
« Il y en a qui y pensent. J’ai rencontré quelqu’un que je connais bien qui me disait “voilà les raisons pourquoi je m’installerais à Plattsburgh” », a évoqué hier le grand patron de Québecor en marge du sommet organisé par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), à Montréal.
Ce dernier soutient qu’Ottawa et Québec, qui refusent toujours de percevoir la taxe de vente sur les biens achetés en ligne et les services des fournisseurs comme Netflix, font fausse route.
INIQUITÉ FISCALE
Le CQCD estime que les lois et les règlements actuels provoquent une iniquité fiscale d’un milliard $ par des taxes non perçues au Canada, et de 300 millions $ au Québec.
Selon M. Péladeau, « la nature ayant horreur du vide », le gouvernement Trudeau est en train de « créer une motivation » pour pousser les entrepreneurs à ouvrir une antenne de plus aux États-Unis pour profiter d’un éventuel congé de taxes.
L’homme d’affaires dit n’avoir toutefois pas encore réfléchi à un possible déménagement, par exemple d’une antenne du Club Illico aux États-Unis. « Je n’ai pas encore été en mesure de réfléchir sur ces modalités. Je n’y ai pas pensé encore. Mais des fois, ça me traverse l’esprit », a-t-il formulé.
CONFUSION
M. Péladeau a déploré que le gouvernement Trudeau alimente toujours la confusion dans le dossier de l’iniquité fiscale.
Le ministre des Finances, Bill Morneau, a laissé entendre hier, au sommet du G-20 à Buenos Aires, qu’il était maintenant ouvert à étudier la possibilité de taxer ces géants du web. « Il n’y a rien d’original dans cette réflexion. Il faut mettre ses culottes. On se fait rouler dans la farine. Le souci d’équité n’existe pas actuellement », a martelé l’homme d’affaires.
Par ailleurs, la fiscaliste et enseignante de l’Université de Sherbrooke, Marwah Rizqy, soutient que le Canada se présentera au prochain sommet du G7 dans Charlevoix comme un « cancre », alors que tous les autres pays membres de cette organisation appliquent déjà des taxes sur les services offerts en ligne par les géants du web.