Les ventes en ligne font mal aux municipalités
De plus en plus de centres commerciaux contestent leur compte de taxes
La croissance des ventes en ligne heurte de plein fouet les revenus des municipalités québécoises alors que de plus en plus de centres commerciaux contestent leur évaluation foncière.
« Cela a impact direct et réel sur nos revenus. Ça prend une réforme fiscale et des mesures concrètes », a plaidé hier le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Alexandre Cusson.
Prenant la parole lors du sommet organisé par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) à Montréal, le maire de Drummondville a précisé que 2000 commerces avaient fermé leurs portes en 2016 au Québec.
Seulement pour l’année 2016, M. Cusson a évoqué une baisse de revenus de 65 millions $ pour les municipalités direc- tement liée à ces fermetures.
D’ici 2025, le phénomène pourrait créer un manque à gagner cumulé de plus de 600 millions $ dans les coffres des municipalités québécoises.
« MOINS DE MONDE »
« Les propriétaires des centres commerciaux viennent nous voir et nous demandent de réviser à la baisse les prix de leurs taxes municipales parce qu’il y a moins de monde dans les commerces », a précisé M. Cusson.
Il a notamment cité en exemple le cas du centre commercial Les Promenades Drummondville qui a récemment demandé une révision de son rôle foncier. « Ce n’est pas un centre commercial qui va mal. Ce n’est pas un centre commercial qui a un taux de vacance plus élevé que la moyenne. C’est un centre commercial qui a de plus en plus de la misère à louer ses locaux », a expliqué le maire de Drummondville. Au moins 73 % des revenus des municipalités dépendent des taxes foncières.
DES DÉTAILLANTS NERVEUX
Le géant québécois de la chaussure Aldo songe d’ailleurs à fermer de nombreux magasins au cours des prochaines années en raison de la baisse de l’achalandage dans les centres commerciaux.
« Si les loyers ne changent pas, ça va s’accélérer. Il faut que les propriétaires immobiliers acceptent cette nouvelle situation : soit ils créent des centres tellement incroyables comme destinations qu’ils peuvent continuer à nous demander des loyers élevés, soit ils y vont plus modestement, mais avec des loyers qui ont du sens », a déclaré hier le PDG d’Aldo, David Bensadoun.
Dans le domaine de la chaussure, 50 % des ventes seront numériques d’ici cinq ans, prévoit M. Bensadoun. À l’heure actuelle, c’est à peine 12 % pour les magasins Aldo.
« ÇA FAIT PLUS DE DIX ANS QUE LES POLITICIENS ONT DÉMISSIONNÉ DE LEURS RESPONSABILITÉS. ET, TRISTEMENT, JE PENSE QUE C’EST PAR ÉLECTORALISME GROSSIER ET ÉLÉMENTAIRE. » – Pierre Karl Péladeau, grand patron de Québecor