Le rôle du géant Aecon en télécoms inquiète Ottawa
La vente de l’entreprise pourrait être annulée
C’est « à peu près impossible » qu’Ottawa donne son feu vert à la vente du géant des infrastructures Aecon, parce que la construction des réseaux de plusieurs entreprises de télécommunications, dont Bell, passerait sous contrôle chinois.
Achetée au prix de 1,5 milliard $ par la China Communications Construction Co. Ltd. (CCCI) en octobre, Aecon participera à la construction du Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt.
C’est aussi l’une des principales entreprises qui bâtissent les réseaux de télécommunications canadiens comme ceux employés par les grandes compagnies de téléphonie cellulaire.
Aecon fournit par exemple « un soutien à la construction du réseau de Bell pour une variété de projets, incluant l’expansion de nos services télé et internet Fibe », selon la compagnie.
C’est précisément pour cela qu’Ottawa tarde à conclure l’enquête de sécurité qu’elle a lancée le mois dernier au sujet de cette transaction, croit l’analyste financier Chris Murray, d’AltaCorp Capital.
SECTEUR CRITIQUE
Cette division d’Aecon ne compte que pour 5 % de son chiffre d’affaires de 3 milliards $. Mais elle est excessivement importante, puisque les géants des télécoms, dont Bell, sont sur le point de moderniser leurs infrastructures, au moyen de réseaux de fibre optique et de réseaux mobiles de la prochaine génération.
« Des 13 transactions visées par des Examens de sécurité nationale (depuis) 2012, trois ont été bloquées, une a été retirée, cinq ont nécessité la cession de certaines divisions et quatre se sont vu imposer des conditions supplémentaires », résume-t-il.
« C’est donc dire que toutes les transactions soumises à un examen du gouvernement fédéral pour des raisons de sécurité ont été affectées », poursuit M. Murray.
UNE DÉCISION À LA MI-MAI ?
Ottawa doit, en principe, rendre sa décision à la mi-mai. La transaction pourrait carrément être bloquée, ou CCCI pourrait devoir renoncer au volet télécommunications d’Aecon, croit-il.
Il est aussi possible qu’Ottawa prolonge la période d’analyse.
Le bureau du ministre de l’Innovation, Navdeep Bains, s’est abstenu de commenter en détail la situation, invoquant des raisons de confidentialité.
« L’enquête se poursuit », a précisé le porte-parole Karl Sasseville.
BCE inc., la compagnie mère de Bell, n’a pas commenté l’enquête fédérale.