Le Journal de Montreal

Quand les femmes se croient tout permis

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’aimerais vous entretenir aujourd’hui d’un trait de comporteme­nt typique chez les femmes que les Américains ont baptisé « The nagging wife ». C’est-à-dire ce type de femmes qui font des reproches constants à leurs maris et dont la mienne vient d’être atteinte. Ça fait à peine trois ans que ma femme et moi sommes mariés. Au début, on peut dire que tout était merveilleu­x. Puis, il y a environ quelques mois, mon épouse s’est transformé­e devant mes yeux, en l’image parfaite de ma belle-mère, sa mère. La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre ! Le comble, et c’est la raison pour laquelle je vous écris ce matin, a été atteint vers la fin du réveillon de cette année, alors que nous étions toute la famille réunie.

« Écoute, Marc, m’a-t-elle lancé devant tout le monde, je ne sais pas pourquoi tu as pris autant de poids depuis qu’on se connaît, mais si tu ne perds pas 20 livres avant la fin de juin, juré que je te quitte. » Les gens ont ri, moi aussi sur le coup, mais jaune. Le lendemain matin au réveil, une fois qu’elle avait bien cuvé son vin, je lui ai demandé si sa menace était sérieuse. Elle m’a répondu que j’étais vraiment stupide de commencer sa journée en lui faisant des reproches, et elle est allée s’enfermer dans la salle de bain. J’espère que vous allez publier ma lettre pour témoigner une bonne fois pour toutes, que tous les torts ne sont pas du côté des mâles de l’espèce humaine. Parenthèse avant de terminer : c’est vrai que j’ai pris du poids, mais je suis loin d’être obèse. Bien vôtre !

Vous ne devez pas lire ce Courrier tous les jours, car je publie, quasi à parts égales, autant de lettres de femmes que de lettres d’hommes. Mais c’est un fait que nous sommes, en tant que groupe, nous les femmes, plus promptes que les hommes à exprimer ce qui nous déplaît. Pour revenir à votre cas précis, je pense que votre femme a dépassé sa pensée quand, l’alcool aidant, elle vous a lancé ce défi. La preuve en est que le lendemain, elle refusait d’en reparler avec vous.

Mais il reste une évidence, c’est que votre prise de poids la dérange, et que vous ne pouvez plus l’ignorer. Maintenant que la poussière est retombée, il faut absolument remettre le sujet sur le tapis avec elle pour le vider. Peutêtre trouverez-vous dans la solution à ce malaise, une occasion de remettre votre couple sur une voie plus harmonieus­e où les non-dits n’existeront plus ?

Comment régler une telle injustice ?

Mon histoire vous semblera peutêtre banale et dépassée, mais j’aimerais quand même avoir votre opinion. Divorcée depuis l’année 1985, après un cycle de violence où je fus dans l’obligation, avec l’aide de la police, de me réfugier dans une résidence pour femmes victimes de violence conjugale, je me sens depuis une certaine découverte, doublement flouée. Et voici pourquoi.

Quelques années après ma fuite, j’ai appris que cet ex-conjoint détenait un poste important au sein de la Société Saint-Jean-Baptiste. Je me suis alors permis de leur demander comment un homme aussi violent et misogyne pouvait faire partie d’une associatio­n aussi respectabl­e et y détenir un poste de pouvoir. On m’a répondu que c’était un poste électif et que c’était le candidat qui avait le plus de voix qui l’emportait. Comment la SSJB peutelle ainsi cautionner la violence conjugale, selon vous ? Une femme très déçue

Votre histoire remonte aux années 80 quand la violence conjugale était rarement dénoncée et que les victimes n’étaient pas crues du corps policier. De plus, dans un cas où la violence d’un individu n’est pas officielle­ment reconnue par la justice, rien ne l’empêche, sauf sa conscience, de se présenter à un poste électif dans un organisme. Ce serait certaineme­nt plus ardu aujourd’hui de se faire absoudre.

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