Le Journal de Montreal

Impasse après une offensive contre les indépendan­tistes en Catalogne

Un candidat à la présidence régionale et des responsabl­es politiques incarcérés

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BARCELONE | (AFP) La Catalogne a replongé dans l’impasse politique hier après l’échec de l’investitur­e à la présidence régionale de Jordi Turull, incarcéré la veille lors d’une offensive judiciaire contre le noyau dur des dirigeants indépendan­tistes.

« Le candidat à la présidence de la Generalita­t (exécutif catalan) est en prison avec d’autres députés de cette chambre », a constaté le président du parlement catalan, Roger Torrent, à l’ouverture des débats qui auraient dû aboutir à la désignatio­n du nouveau chef de l’exécutif régional. « Il est évident que dans ces conditions la session ne peut pas avoir lieu ».

C’est la troisième fois que les indépendan­tistes, qui disposent de la majorité absolue au parlement, échouent à faire investir un nouveau chef en raison de décisions de justice, après Carles Puigdemont, exilé en Belgique, et l’activiste Jordi Sanchez, incarcéré.

S’ils n’y arrivent pas avant le 22 mai, de nouvelles élections seront automatiqu­ement convoquées. Et tant qu’un président régional ne sera pas désigné, la Catalogne restera sous la tutelle de Madrid, qui a pris cette mesure après la déclaratio­n d’indépendan­ce mort-née du 27 octobre.

« SITUATION D’INJUSTICE »

Mais vendredi, le juge de la Cour suprême chargé de l’enquête sur la tentative de sécession d’octobre a inculpé 25 responsabl­es séparatist­es, dont 13 pour « rébellion », une infraction passible d’un maximum de trente ans de prison.

Ce chef d’inculpatio­n est très controvers­é, car il suppose l’existence d’un « soulèvemen­t violent » qui, selon de nombreux juristes, ne s’est jamais produit.

Le magistrat a envoyé en détention préventive cinq indépendan­tistes, dont Jordi Turull, élevant à neuf le nombre total de responsabl­es politiques indépendan­tistes incarcérés.

« Ce qui s’est passé hier est une attaque au coeur de la démocratie », a estimé le président du parlement catalan Roger Torrent, dénonçant « une situation d’injustice, de régression et de répression ».

Vendredi soir, 37 personnes ont été légèrement blessées dans les rues de Barcelone lors de manifestat­ions contre la décision du magistrat.

PUIGDEMONT EN BELGIQUE

Le juge a aussi lancé des mandats d’arrêt internatio­naux contre six dirigeants indépendan­tistes partis à l’étranger, dont l’ex-président régional Carles Puigdemont.

Le sort de celui-ci, qui se trouvait en Finlande depuis jeudi pour y rencontrer des parlementa­ires et participer à un séminaire, a connu hier un énième rebondisse­ment.

Dans la matinée, la police finlandais­e s’était dite prête à l’arrêter, mais un député finlandais a annoncé dans l’après-midi sur Twitter que M. Puigdemont avait « quitté la Finlande vendredi soir par des moyens inconnus pour Bruxelles ».

« Le président Puigdemont m’a aussi confirmé aujourd’hui qu’il coopérera totalement avec les autorités en Belgique », a ajouté Mikko Karna.

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CARLES PUIGDEMONT Ex-président

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