NÉGOS POUR LE RETARD DE LIVRAISON
Bras de fer entre le fédéral et le constructeur pour les frais de retard, problèmes pour enjamber la voie maritime qui ouvre sous peu et contrats de gré à gré d’« extrême urgence » pour le vieux pont : l’ouvrage promis le 1er décembre accuse un sérieux re
Le constructeur du nouveau pont Champlain négocie de nouveaux délais et un nouveau budget avec Ottawa, en prévision de retards dans le chantier.
Tout en maintenant officiellement son objectif d’ouvrir le pont pour décembre 2018, le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SSL) admet être en pleins pourparlers avec Infrastructure Canada, explique le patron du consortium.
« Il y a une négociation en cours, qui avance correctement », dit le directeur de la coordination Daniel Genest, en entrevue avec notre Bureau d’enquête. L’entente à venir « va faire foi d’échéancier et de paiement à la fois », précise-t-il.
Dans un document daté du 5 février déposé à la Cour supérieure, SSL et Ottawa annoncent qu’ils ont entamé des « négociations contractuelles » pour arriver à une entente, près d’un an après le dépôt d’une poursuite de SSL contre Ottawa, en mars 2017.
Le consortium mené par SNC-Lavalin refuse de payer les pénalités pour retard prévues à son contrat pour la construction du pont, plafonnées à 150 M$, et réclame des dommages de 124 M$.
SSL attribue les délais dans le chantier aux limites de poids pour les camions sur le vieux pont Champlain et le réseau routier. Selon sa poursuite, Ottawa ne les a pas communiquées dans l’appel d’offres.
Les procédures judiciaires sont suspendues jusqu’au 29 juin, selon les documents judiciaires rédigés en anglais.
DISCUSSIONS CONFIDENTIELLES
Le patron du chantier n’a pas voulu s’avancer sur l’importance des délais et des coûts supplémentaires envisagés pour ce projet de 4,2 milliards de dollars, dont 2,2 milliards pour la construction. « On ne peut pas dévoiler la portée de ces discussions-là », dit Daniel Genest.
De son côté, Infrastructure Canada reste discret. « Le cadre de confidentialité de ces discussions légales ne nous permet pas de commenter pour l’instant, écrit un porte-parole, Michael Wronski. C’est un projet complexe et nous traitons avec rigueur les discussions commerciales avec notre partenaire. »
DÉFIS CRITIQUES
Tout en discutant avec Ottawa, SSL met les bouchées doubles pour tenter de finir en décembre. Daniel Genest réitère que le chantier fait face à d’importants « défis ».
« Nous sommes dans un climat nordique, sur le fleuve ; il y a la pluie, la neige, le vent, et on travaille sur l’eau, dit-il. C’est difficile, donc risqué, et il y a des préoccupations importantes de santé et sécurité. »
Le consortium a rencontré l’ensemble des travailleurs ces deux derniers mois pour répondre à leurs questions. « Ils ont des inquiétudes pour la disponibilité des équipements, la santé et sécurité, la qualité », énumère le patron. Il y voit le signe que les employés ont le projet à coeur.
Le consortium vient d’ailleurs d’entamer l’étape critique de l’assemblage du pont suspendu.
Cette portion enjambera la voie maritime du Saint-Laurent, où aucun pilier ne peut soutenir la structure, pour ne pas obstruer le passage des navires (voir autre texte).
Le consortium prévoit aussi finir en juillet la construction de l’imposant pylône central qui soutiendra le pont. En décembre dernier, notre Bureau d’enquête révélait que les travailleurs du nouveau pont Champlain ont dû faire plus de 2000 réparations sur des pièces de sa structure commandées en Espagne. Elles présentaient notamment des soudures incomplètes, voire inexistantes, des trous mal faits ou mal alignés dans l’acier ou encore des plaques de métal fissurées ou poreuses.