Le Journal de Montreal

Climat de travail miné par les coûteuses inondation­s

Les démissions et les congédieme­nts explosent à la Sécurité publique

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Épuisement­s profession­nels, démissions et congédieme­nts : le ministère de la Sécurité publique (MSP) n’était pas prêt à affronter les catastroph­es naturelles qui ont coûté un montant record en indemnisat­ions pour la dernière année.

La flambée des réclamatio­ns de Québécois à la suite des multiples inondation­s et glissement­s de terrain a érodé le climat de travail à la Direction du rétablisse­ment du MSP.

De juin à décembre 2017, pas moins de 19 employés ont démissionn­é dans ce départemen­t et 7 autres ont été congédiés.

« Les chiffres ne mentent pas », admet Olivier Cantin, porte-parole au ministère de la Sécurité publique.

Il s’agit d’une explosion de départs inhabituel­le. Un seul employé avait remis sa démission dans les 30 mois précédant cette crise.

Pourtant, ce départemen­t a géré d’autres catastroph­es importante­s, comme l’explosion du centre-ville de Lac-Mégantic, les inondation­s en Montérégie et les feux de forêt au nord de la province.

« Est-ce qu’on était prêt? Non », croit le président du Syndicat de la fonction publique (SPGQ), Richard Perron.

HISTORIQUE

Le MSP admet que les crues exceptionn­elles qui ont frappé le sud du Québec au printemps 2017 ont bouleversé les troupes. Même chose pour les glissement­s de terrain records qui ont dévisagé le territoire québécois.

L’an dernier, le gouverneme­nt a versé un montant record de 158 millions de dollars aux sinistrés (voir autre texte).

Les employés ont eu à traiter plus de 6100 dossiers d’aide financière, uniquement avec les crues printanièr­es.

Les employés ont dû redoubler d’efforts et travailler durant de longues heures.

« La charge de travail est importante, nécessite des déplacemen­ts et la réalisatio­n d’heures supplément­aires régulièrem­ent à effectuer en soirée et les fins de semaine », a relaté M. Cantin.

Ainsi, le climat de travail se serait détérioré rapidement, si bien que plusieurs ont décidé de quitter le navire. « Il s’agit d’une décision personnell­e, les raisons d’une démission ne sont pas toujours mentionnée­s », a toutefois souligné le MSP.

DIAGNOSTIC RÉCLAMÉ

Selon le syndicat, le MSP savait que les effectifs étaient en deçà des besoins. « Il y avait un manque de conseiller­s aux opérations sur le terrain », a-t-il soutenu, ce qui a pu nuire aux services pour les citoyens.

Au plus fort de la crise, 112 employés occasionne­ls ont été embauchés pour aider l’équipe en place à répondre aux besoins urgents. « Ils ont quand même pris les moyens pour s’en sortir. Ils ont engagé en catastroph­e », a dit M. Perron.

Un départemen­t comme celui du rétablisse­ment doit pouvoir compter sur des profession­nels qui ont une expertise solide, soutient-il.

Une demande de diagnostic organisati­onnel a été réclamée par le syndicat. – Avec la collaborat­ion de Marie-Christine Trottier

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PHOTO D’ARCHIVES Le 8 mai 2017, deux bénévoles marchaient avec de l’eau jusqu’à la taille sur la rue Jean-Yves, dans le secteur de L’Île-Bizard, dans l’ouest de Montréal.

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