Climat de travail miné par les coûteuses inondations
Les démissions et les congédiements explosent à la Sécurité publique
QUÉBEC | Épuisements professionnels, démissions et congédiements : le ministère de la Sécurité publique (MSP) n’était pas prêt à affronter les catastrophes naturelles qui ont coûté un montant record en indemnisations pour la dernière année.
La flambée des réclamations de Québécois à la suite des multiples inondations et glissements de terrain a érodé le climat de travail à la Direction du rétablissement du MSP.
De juin à décembre 2017, pas moins de 19 employés ont démissionné dans ce département et 7 autres ont été congédiés.
« Les chiffres ne mentent pas », admet Olivier Cantin, porte-parole au ministère de la Sécurité publique.
Il s’agit d’une explosion de départs inhabituelle. Un seul employé avait remis sa démission dans les 30 mois précédant cette crise.
Pourtant, ce département a géré d’autres catastrophes importantes, comme l’explosion du centre-ville de Lac-Mégantic, les inondations en Montérégie et les feux de forêt au nord de la province.
« Est-ce qu’on était prêt? Non », croit le président du Syndicat de la fonction publique (SPGQ), Richard Perron.
HISTORIQUE
Le MSP admet que les crues exceptionnelles qui ont frappé le sud du Québec au printemps 2017 ont bouleversé les troupes. Même chose pour les glissements de terrain records qui ont dévisagé le territoire québécois.
L’an dernier, le gouvernement a versé un montant record de 158 millions de dollars aux sinistrés (voir autre texte).
Les employés ont eu à traiter plus de 6100 dossiers d’aide financière, uniquement avec les crues printanières.
Les employés ont dû redoubler d’efforts et travailler durant de longues heures.
« La charge de travail est importante, nécessite des déplacements et la réalisation d’heures supplémentaires régulièrement à effectuer en soirée et les fins de semaine », a relaté M. Cantin.
Ainsi, le climat de travail se serait détérioré rapidement, si bien que plusieurs ont décidé de quitter le navire. « Il s’agit d’une décision personnelle, les raisons d’une démission ne sont pas toujours mentionnées », a toutefois souligné le MSP.
DIAGNOSTIC RÉCLAMÉ
Selon le syndicat, le MSP savait que les effectifs étaient en deçà des besoins. « Il y avait un manque de conseillers aux opérations sur le terrain », a-t-il soutenu, ce qui a pu nuire aux services pour les citoyens.
Au plus fort de la crise, 112 employés occasionnels ont été embauchés pour aider l’équipe en place à répondre aux besoins urgents. « Ils ont quand même pris les moyens pour s’en sortir. Ils ont engagé en catastrophe », a dit M. Perron.
Un département comme celui du rétablissement doit pouvoir compter sur des professionnels qui ont une expertise solide, soutient-il.
Une demande de diagnostic organisationnel a été réclamée par le syndicat. – Avec la collaboration de Marie-Christine Trottier