Dédoublement de personnalité
À la veille des élections, les partis en sont à l’étape de définir leur personnalité. Dans le cas du PLQ, ce budget tend à confirmer un dédoublement de personnalité. Le PLQ a géré de façon serrée en début de mandat, au point où sa discipline budgétaire mérite d’être citée en exemple.
Puis en dernière année de mandat, il est devenu un parti dépensier.
Soyons justes, le gouvernement libéral n’est pas devenu dépensier au point de retourner dans les déficits comme à Ottawa. Il est même parvenu à mettre deux milliards en remboursement de la dette. Mais son message politique est passé de la rigueur que ses adversaires qualifiaient d’austérité à la générosité que ses adversaires qualifient d’opportuniste.
Quand même, des croissances de dépenses de l’ordre de 4 ou 5 % d’une année à l’autre, c’est précisément ce que l’ancien président du Conseil du trésor Martin Coiteux nous disait qu’il fallait éviter. Nous y sommes revenus dans le budget d’hier.
MIRACLE !
Pour dépenser autant cette année, alors que nous étions dans le trou il y a quatre ans, il faut de la bonne gestion… mais aussi des impôts très élevés.
Un fait frappe quand même l’imagination : comment peut-on en quatre années seulement éliminer un déficit, rembourser un peu de dette et dépenser des milliards en argent frais la quatrième année ? Il faut que l’argent rentre dans les coffres à un rythme ahurissant. Oui, oui, l’économie favorable aide les entrées de fonds au ministère des Finances.
Mais il y a plus. L’argent entre massivement parce que nous sommes massivement taxés. C’est le triste rappel du dernier budget : les Québécois paient des niveaux d’impôts et de taxes effarants. L’idée n’est pas d’accuser les libéraux d’avoir alourdi le fardeau fiscal : ils ont fait le contraire. C’est plutôt un rappel à tous les partis que la pompe qui siphonne dans nos poches est redoutable.
IL Y EN A POUR TOUS !
Ce côté « tout est possible » teinte fortement l’ambiance du budget présenté hier. De la santé ? Oui madame ! De l’éducation ? Oui monsieur ? Des grands projets ? Allons-y ! Quelques nouveaux programmes ? Pourquoi pas ? Payer nos dettes en même temps que tout ça ? Certainement mon ami !
Les PME, les familles, l’économie numérique, toutes les causes en soi sont excellentes. Mais toutes ces dépenses mises bout à bout, voilà un gouvernement qui dépense allègrement cette année. Nous avons retrouvé notre capacité disent-ils !
Je donne une partie du mérite au gouvernement en place. Assainir les finances publiques contribue à donner des marges de manoeuvre et à rendre les choses possibles. Les ennemis des finances publiques rigoureuses devraient voir cela comme le côté givré de ce qu’ils ont appelé l’austérité.
Néanmoins, l’ampleur des marges de manoeuvre et la rapidité avec laquelle nous sommes parvenus à les dégager ne peuvent qu’être le fait d’une société où les contribuables casquent solidement. Pour fournir l’eau dans autant de tuyaux de l’aqueduc des dépenses publiques, il faut que le tuyau d’entrée soit énorme.
Même si nous avons connu de légers adoucissements fiscaux (comme la fin de la taxe santé), il y a un rappel à tous les partis que soulager les contribuables demeure une avenue plus que pertinente.