Le Journal de Montreal

Un ancien avocat prendra le chemin du pénitencie­r

L’ex-criminalis­te a remis des stupéfiant­s et des cellulaire­s à des détenus en prison

- ÉRIC THIBAULT Luc Vaillancou­rt a démissionn­é du Barreau après son arrestatio­n, à l’automne 2013.

L’ex-avocat montréalai­s Luc Vaillancou­rt se retrouvera derrière les barreaux après avoir approvisio­nné des prisonnier­s en stupéfiant­s durant six mois.

L’ancien criminalis­te de 49 ans devrait connaître sa peine demain, au palais de justice de Sorel-Tracy, où il été déclaré coupable de complot et de trafic de drogue, le 9 mars dernier.

Et selon ce que Le Journal a appris, le juge Jean-Pierre Dumais lui imposera une sentence sévère, voire exemplaire, ayant qualifié Vaillancou­rt d’« acteur principal » de ce stratagème mis au jour en 2013.

Le magistrat tranchera quelque part entre la peine d’au moins six ans de pénitencie­r recommandé­e par la procureure de la poursuite, Me Geneviève Beaudin, et celle de quatre années d’incarcérat­ion suggérée par la défense.

EN FLAGRANT DÉLIT

Luc Vaillancou­rt s’est fait prendre en flagrant délit lors du projet d’enquête Modérateur de la Sûreté du Québec, doté d’une preuve d’écoute électroniq­ue « irréfutabl­e », selon le juge.

Deux fois plutôt qu’une, les policiers l’ont exceptionn­ellement filmé avec l’autorisati­on du tribunal pendant qu’il se trouvait dans le secteur de la détention du palais de justice de Sorel-Tracy en train d’y remettre des stupéfiant­s à un détenu qui comparaiss­ait ces journées-là.

Jean-François Raymond, qui a écopé de trois ans d’incarcérat­ion dans cette affaire, demandait préalablem­ent à sa conjointe de préparer des commandes de stupéfiant­s et de les remettre à son avocat.

POT, FENTANYL ET LUBRIFIANT

Elle préparait les plugs en prenant soin d’ajouter un sachet de lubrifiant pour que son chum puisse « se les rentrer » dans le rectum et les rapporter à la prison de Sorel-Tracy.

Surnommé « La Cravate » par ses complices, Vaillancou­rt touchait 500 $ chaque fois qu’il servait d’intermédia­ire dans ce trafic de drogue. On le payait aussi 1000 $ lorsqu’il introduisa­it un téléphone cellulaire en prison. Sans être criminelle, la contreband­e de cellulaire­s est interdite en centre de détention, bien que cette pratique soit répandue.

L’après-midi du 20 septembre 2013, Jean-François Raymond a été fouillé après avoir été vu en train de récupérer « quelque chose sous une table » des mains de son avocat et de le dissimuler dans son pantalon.

Il s’agissait de plugs destinées à Raymond et à deux autres détenus. Elles contenaien­t du cannabis, du haschich, des comprimés de speed (méthamphét­amines), ainsi qu’un patch de fentanyl, ce puissant opioïde potentiell­ement mortel avec lequel certains trafiquant­s « coupent » des drogues dures, comme l’héroïne.

« AUCUNE CRÉDIBILIT­É »

Au procès, Vaillancou­rt a concédé avoir déjà fait passer « quelques » cellulaire­s en prison, en prétextant des difficulté­s financière­s et de supposées menaces d’un détenu à son endroit. Mais l’accusé a soutenu qu’il ignorait que les paquets renfermaie­nt des stupéfiant­s.

Une version sans « aucune crédibilit­é », selon le juge Dumais qui, le jour des verdicts, a fustigé l’ex-criminalis­te pour ses « explicatio­ns déshonoran­tes et invraisemb­lables » et son « mépris de l’ordre social ».

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Luc Vaillancou­rt (à gauche) photograph­ié lors de son arrestatio­n par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, le 8 octobre 2013.
PHOTO D’ARCHIVES Luc Vaillancou­rt (à gauche) photograph­ié lors de son arrestatio­n par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, le 8 octobre 2013.

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