Le Journal de Montreal

Que regardiez-vous le 2 avril 1978 ?

Le dimanche soir 2 avril 1978, je regardais (au canal 12, je pense…) le premier épisode de la minisérie Dallas. L’heure n’était pas terminée que j’avais déjà une profonde aversion pour le maudit J.R., mais une grande sympathie pour son frère Bobby et sa

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Cinq épisodes plus tard, j’étais accro. Je m’indignais chaque semaine de la rouerie de J.R. (Larry Hagman) et je comprenais que sa pauvre femme Sue Ellen (Linda Gray) noie son amertume dans le bourbon. L’ignoble J.R. avait hérité du sens des affaires ambigu de son père Jock (Jim Davis), mais son épouse (Barbara Bel Geddes) arrivait à le tempérer.

Pour faire contrepoid­s à la malice de J.R. et à cette bourgeoisi­e texane qui s’enrichissa­it du pétrole alors que je payais déjà 30 cents le litre à la pompe, heureuseme­nt qu’il y avait Bobby (Patrick Duffy). Quel homme fiable et intègre ! Pour notre plus grand plaisir, Bobby avait profité du premier épisode pour épouser la belle Pamela (Victoria Principal), héritière des Barnes, ennemis jurés des Ewing.

BOBBY RESSUSCITE

Je suis resté scotché à Dallas des années. J’ai décroché quand j’ai constaté que toute la neuvième saison n’avait été qu’un « cauchemar » de Pamela. Bobby n’était donc pas mort. Bien vivant, il avait même commencé la 10e saison en prenant sa douche. Je m’étais fait rouler dans la farine une saison entière. Quelques millions de mordus ont décroché comme moi, mais plus de 12 millions sont restés fidèles jusqu’à la fin des 357 épisodes.

Comment serait-il pensable aujourd’hui qu’une série dure plus d’une décennie ? L’intérêt pour Les pays d’en haut de Vincent Leclerc et Sarah-Jeanne Labrosse a commencé à décliner après une trentaine d’épisodes. Pourtant, son glorieux ancêtre dû à la plume de Claude-Henri Grignon a vécu 495 épisodes.

LA TÉLÉ N’EST PLUS LA MÊME

Si la télévision et nos habitudes d’écoute n’ont guère changé durant un demi-siècle, elles se sont transformé­es du tout au tout en quelques années. Internet et les distribute­urs en flux continu, Netflix en particulie­r, ont tout bouleversé. Même la façon d’écrire pour la télé n’est plus la même. Même si les longues séries sont chose du passé et que les séries bon marché vivent leurs dernières heures, il n’y a jamais eu autant de choix.

Malgré la bonne volonté de nos gouverneme­nts, malgré les subsides et les crédits d’impôt, nos séries ont de plus en plus de concurrenc­e et nos producteur­s de plus en plus de peine. Les poches des Amazon, Netflix, Apple et compagnie sont sans fond. Avec l’argent des 20 premiers épisodes de The

Crown, on aurait pu produire la première moitié des 357 épisodes de Dallas !

ÉCORCHÉ SANS RAISON ?

Exaspéré par la publicité qui pollue les reportages de RDI, j’ai vivement écorché Georges Amar dans ma chronique de jeudi dernier. Si le pauvre en a pris pour son rhume, c’est que la manière qu’a RDI de nous montrer avant la pause un extrait qui la suivra ne nous fait pas oublier la pub. Elle la souligne davantage.

Sylvie Peltier, qui a produit Les Canadiens errants, m’a écrit qu’Amar avait été de très bon conseil pour les artisans de sa série. Si Amar pouvait faire comprendre à RDI qu’on n’en peut plus de voir leurs documentai­res charcutés, j’en ferais le plus grand éloge.

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