Le Journal de Montreal

La bureaucrat­ie se moque d’une famille de réfugiés

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« CHEZ NOUS, C’EST ICI MAINTENANT. NOUS DÉNEIGEONS COMME TOUT LE MONDE. NOUS PARLONS FRANÇAIS COMME TOUT LE MONDE. NOS AMIS SONT ICI. LE CANADA EST DEVENU NOTRE PAYS. » – Le père de famille

DES ÉTRANGERS

Le fils aîné de la famille dit que c’est facile dans une situation comme la sienne de se sentir comme un habitant de seconde classe.

« Même si on est là depuis 2009, on se sent toujours comme des étrangers. On n’a pas accès à la RAMQ, on peut difficilem­ent étudier, on ne peut pas voyager… les gens vivent autour de nous, et nous, on ne peut rien faire », se désole Olivier*.

Il se rappelle un voyage au cours duquel son équipe de football secondaire devait jouer contre une équipe de l’État de New York. Même s’il était dans la formation partante, il a été obligé de voir l’autobus partir sans lui parce que le gouverneme­nt ne permet pas aux demandeurs de quitter le pays.

ELLE RÊVE DE VISITER SA FAMILLE

La mère de la famille, qui n’a pas vu ses frères depuis plus de 20 ans, rêve de visiter sa famille.

Ce que ferait Lydia* si elle obtenait l’asile ici ? « Voyager ! lancet-elle. Je veux aller voir ma famille et peut-être fuir la neige un peu. Je n’ai pas pu visiter mes frères au Moyen-Orient depuis 1998 », dit Lydia*.

Lorsqu’un demandeur d’asile arrive au Canada, le gouverneme­nt saisit son passeport et lui interdit de quitter le pays jusqu’à ce que la CISR prenne une décision concernant la demande.

DE LA MATERNELLE AU SECONDAIRE 2

Arrivé au Canada à l’âge de 5 ans, le benjamin de la famille a vécu la plus grande partie de sa vie au Québec. Il craint d’être expulsé vers un pays qu’il n’a jamais connu.

Signe de l’absurdité de la situation : Guillaume* avait l’âge de la maternelle en 2009 et ne parlait pas un mot de français ni d’anglais. Aujourd’hui, il est en secondaire 2 dans une école francophon­e.

« Je ne parle même pas la langue d’origine de mes parents et de mes frères, mais je la comprends. Nous sommes ici depuis si longtemps que je ne reconnais rien de notre pays d’origine », dit-il, dans un français impeccable.

DE TRAVAILLEU­R SPÉCIALISÉ À LIVREUR

Pour Charles*, le père de famille, pas question de vivre sur le dos de l’État. N’ayant pas les moyens de faire reconnaîtr­e son expertise en tant que spécialist­e en design et en manutentio­n de lasers, il s’est résolu à travailler pour un faible salaire.

Pour que sa formation spécialisé­e soit reconnue, Charles devrait suivre des cours pendant un an et demi, au coût de 15 000 $.

« Avec trois enfants à nourrir, c’était impossible. Alors toute ma famille travaille parce que nous voulons contribuer à la société », dit fièrement le patriarche.

Depuis son arrivée, il a donc travaillé dans la restaurati­on rapide, dans une station de pompage et maintenant comme livreur.

N’ayant pas de statut particulie­r au Canada, sa famille ne reçoit pas les nombreuses prestation­s sociales versées aux Canadiens, telle l’allocation pour enfants.

« J’ai calculé qu’on est passés à côté de 120 000 $ en bénéfices [en 9 ans] qui sont accessible­s à tous, sauf nous parce qu’on n’est pas résidents permanents. Pourtant, on paye des taxes et des impôts comme tout le monde ! », lance-t-il.

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