Colère chez les spécialistes des migrants
Des spécialistes, avocats et consultants se désolent du dernier raté du ministère de l’Immigration (MIDI) et dénoncent son manque de transparence. « Je ne comprends pas comment un système informatique peut se mettre tout seul à accepter des demandes, c’est très dérangeant », affirme le président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration, Jean-Sébastien Boudreault, au sujet de la dernière erreur de la plateforme Mon Projet Québec (voir texte principal). M. Boudreault ajoute qu’il n’est pas convaincu par les explications du ministère de l’Immigration, qui évoque un « problème technique ». « Je me demande si c’est un problème informatique ou s’il y a quelqu’un qui a mal fait son travail au ministère », s’interroge-t-il.
PLUSIEURS PROBLÈMES
L’avocat rappelle que la plateforme Mon Projet Québec, lancée en 2016 par le MIDI pour plus d’un million de dollars, et qui avait pour but de remplacer les dossiers papier et d’accélérer le traitement des demandes, n’en est pas à ses premiers soucis.
Le Journal évoquait d’ailleurs en février les délais décourageants auxquels se heurtent les candidats à l’immigration qui l’utilisent.
« C’est une accumulation de problèmes qui rend le tout plus choquant, commente-t-il. Cela donne une mauvaise réputation à notre système d’immigration. »
Un sentiment que partage la consultante en immigration, Natalia Tatarescu.
« J’ai des clients qui me disent : “Je quitte mon pays pour échapper à la mauvaise administration, mais, au Québec, ce n’est pas mieux”, alors ils se tournent vers d’autres provinces du Canada », confirme-t-elle.
Mme Tatarescu estime d’ailleurs que le problème technique qui a ouvert par erreur le dépôt de candidatures sur le site du MIDI, dimanche, lui a porté un préjudice professionnel.
Celle qui est payée pour informer ses clients s’est retrouvée prise à défaut par le manque de communication du ministère.
« Un client m’a demandé à quoi je servais puisque je ne l’avais pas averti que l’on pourrait déposer son dossier ce jour-là. Je ne savais pas quoi répondre puisque le MIDI n’avait rien dit. »