Les taxis haussent leurs tarifs
Plusieurs chauffeurs en colère contre cette augmentation craignent de perdre plus de clients au profit d’Uber
Les tarifs des taxis de la province augmenteront de 2,5 % le premier juin et des membres de l’industrie craignent de perdre encore plus de clients au profit de l’application mobile Uber.
« Les gens ne veulent déjà plus prendre le taxi parce que c’est cher, c’est sûr qu’une hausse comme ça va encore plus les décourager. Les clients auront une autre raison de prendre Uber plutôt que le taxi », prédit Adnan Ghieh, chauffeur de taxi à Montréal depuis une vingtaine d’années.
Cette première hausse des tarifs de transport par taxi depuis 2012 concernera tant les tarifs généraux, comme le prix de départ et celui au kilomètre, que les tarifs particuliers qui s’appliquent entre autres aux clients qui prennent un taxi à l’aéroport Montréal-Trudeau.
CHER À L’AÉROPORT
Une course en taxi entre cet aéroport international et le centre-ville coûtera donc un dollar de plus pour s’élever à 41 $. À titre comparatif, une telle course coûte une trentaine de dollars avec un chauffeur Uber X, qui réclame 0,79 $ par kilomètre au lieu de 1,70 $ actuellement dans les taxis.
Pour justifier cette hausse, la Commission des transports du Québec indique dans un document que les dépenses des chauffeurs, qui comprennent entre autres l’achat de carburant et l’entretien du véhicule, ont grimpé de près de 6 % depuis 2013.
Le litre d’essence a d’ailleurs bondi de 10 cents hier pour se vendre 1,40 $.
PLUS DE CLIENTS D’UBER
« C’est difficile financièrement pour l’industrie et c’est ça qui a motivé la décision des commissaires […] Si les chauffeurs ont des salaires très bas, ça peut affecter la qualité du service », a souligné la porte-parole de la CTQ, Johanne Saint-Laurent.
Des chauffeurs craignent que cette décision de la CTQ ne leur fasse perdre des clients qui opteront alors pour Uber.
« Les gens aiment donner une image négative du taxi et on continue dans ce sens une fois de plus avec cette hausse. Les gens ne vont pas nous approcher, mais s’éloigner de nous avec l’augmentation des prix », a déploré le chauffeur Abdellah Lachhab.
La compétition réalisée par Uber a d’ailleurs été un des arguments évoqués dans les dernières années par des représentants de l’industrie auprès de la CTQ pour s’opposer à une hausse des tarifs de transport par taxi. Afin d’augmenter les revenus des chauffeurs sans « perdre des clients », le porte-parole du regroupement de propriétaires Taxis du Grand-Montréal et Rive-Sud, Michel Aboujaoudé, estime que « les prix devraient être juste pour tous les joueurs ».
Le porte-parole d’Uber Canada, Jean-Christophe de Le Rue, a toutefois confirmé que « l’annonce de la CTQ n’aura pas d’impact sur la tarification d’Uber au Québec ».
Une déclaration qui choque Abdallah Homsry, porte-parole du Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec.
« Ça démontre très bien toute l’inégalité dans laquelle on vit », a-t-il réagi.