Le Journal de Montreal

Le Canada doit accueillir des réfugiés rohingyas, selon Rae

L’envoyé spécial du gouverneme­nt formule 17 recommanda­tions pour Ottawa

- MAXIME HUARD

OTTAWA | Le Canada doit ouvrir ses portes aux réfugiés rohingyas qui fuient les persécutio­ns en Birmanie, propose l’envoyé spécial du gouverneme­nt fédéral, Bob Rae, dans son rapport final déposé hier matin.

« Ça serait bizarre de dire qu’on est prêts à faire quelque chose pour les réfugiés au Yémen, en Irak ou en Syrie, mais pas pour les Rohingyas », a déclaré l’ancien député libéral en conférence de presse.

Plus de 671 000 Rohingyas, une minorité musulmane de l’État de Rakhine, ont fui la répression des forces militaires et de la majorité bouddhiste en Birmanie depuis août 2017 afin de se réfugier au Bangladesh.

Bob Rae, qui s’est rendu deux fois dans la région depuis sa nomination en octobre, ne précise pas combien de réfugiés devraient être pris en charge. Il s’agit là du travail du gouverneme­nt fédéral, selon lui.

Le rapport de l’envoyé spécial ne montre pas du doigt la dirigeante birmane et Prix Nobel de la paix (1991) Aung San Suu Kyi, vivement critiquée à l’internatio­nal pour son silence quant au sort des Rohingyas.

« Est-ce que j’aurais aimé qu’elle dise quelque chose ? Naturellem­ent ! » a concédé Bob Rae, précisant toutefois que les militaires au pouvoir avaient les coudées franches.

Il a refusé de dire s’il croyait que le fédéral devrait retirer à Aung San Suu Kyi sa citoyennet­é canadienne honorifiqu­e. Quiconque joue un rôle dans les crimes en cours devrait être tenu responsabl­e, et ce sans exception, a-t-il néanmoins précisé.

ACCROÎTRE L’AIDE

Parmi 17 recommanda­tions, Bob Rae presse également le Canada d’accroître son aide humanitair­e, en concentran­t ses efforts sur l’éducation, le soutien aux infrastruc­tures et l’assistance aux femmes victimes de violences sexuelles.

Le Canada a déjà offert plus de 45 millions $ pour venir en aide à des organismes humanitair­es dans la région, dont 8 millions $ annoncés en mars en vue des problèmes sanitaires prévus durant la période des pluies.

L’envoyé spécial estime à 600 millions $ sur quatre ans l’argent qu’Ottawa devrait investir pour répondre à la crise.

« SIGNES D’UN GÉNOCIDE »

Cette enveloppe servirait également à établir un processus d’enquête internatio­nal pour « mettre fin à l’impunité ». « Il y a tous les signes d’un génocide possible », a signalé Bob Rae, évoquant des échos du Rwanda et de l’holocauste dans les discours haineux, les expulsions et les actes violents contre les Rohingyas.

Toute personne ou organisati­on ayant joué un rôle dans des violations du droit internatio­nal devrait faire l’objet de sanctions économique­s, d’après l’ex-premier ministre de l’Ontario.

Il recommande entre autres que l’enjeu des Rohingyas fasse l’objet de discussion­s durant la réunion des leaders du G7 dans Charlevoix, en juin.

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BOB RAE Envoyé spécial

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