L’opulence américaine AU QUÉBEC
Il n’y en a pas des tonnes, des Ford Skyliner. En fait, son nom ne vous dit même probablement rien.
Construit pendant seulement trois ans, de 1957 à 1959, ce véhicule décapotable à ouverture du toit électrique a été construit à moins de 50 000 unités. Pas besoin de vous dire que cela en fait un modèle prisé par les collectionneurs.
C’est le cas de Robert Camerlain, un amateur québécois de voitures d’époque qui a eu un immense coup de coeur pour cette voiture américaine aux proportions démesurées. « Je cherchais un modèle 1957, et je voulais qu’il soit bleu », précise-t-il. Déjà là, les critères limitaient les recherches.
Sauf qu’avec un peu de patience, tout est possible…
UNE VOITURE COMME IL NE S’EN FAIT PLUS
Des voitures américaines pleine grandeur à deux portes, vous n’en trouverez pas chez les concessionnaires d’aujourd’hui. Encore moins en version décapotable.
Dans les années 50, toutefois, le monde automobile était bien différent. Fondée ou non, cette belle folie a poussé Ford à concevoir le Skyliner, officiellement baptisé le Fairlane 500 Skyliner en 1957 et 1958, puis Galaxie Skyliner en 1959.
Deuxième véhicule de production de l’histoire à offrir un toit solide rétractable à la pression d’un simple bouton, le Skyliner s’étendait sur plus de 5 mètres.
Son design a beaucoup fait jaser à l’époque, mais les ventes n’ont malheureusement pas suivi. Le prix du véhicule était élevé et son coffre ne pouvait presque rien accueillir une fois le toit rétracté.
Après seulement trois ans, Ford lançait la serviette. Heureusement, certains maniaques ont pris bien soin de conserver certains exemplaires, au grand plaisir des collectionneurs comme Robert Camerlain.
LA PERLE RARE
C’est dans la revue Hemmings, spécialisée en voitures anciennes, que M. Camerlain a fini par trouver le modèle qui répondait à ses attentes. C’était en 2011. Seul hic, le véhicule était à Chicago, bien loin de la maison.
« J’ai appelé le vendeur quand même, mais il m’a dit qu’il y avait déjà quelqu’un d’intéressé », se rappelle-t-il. Sauf que quelques semaines plus tard, le collectionneur québécois est retombé sur une nouvelle annonce du même véhicule. Le premier acheteur avait finalement décidé de se tourner vers autre chose, lui laissant la voie libre pour faire l’acquisition du Skyliner bleu tant convoité.
Sauf qu’avant d’acheter une voiture comme celle-là, disons qu’une petite inspection s’impose. Armé d’un Hummer et d’une remorque, Robert Camerlain a pris la route en direction de Chicago pour voir le Skyliner de ses propres yeux.
« J’ai dit au vendeur que si la voiture était dans l’état qu’il décrivait, on avait un deal. » En arrivant sur place, le coup de coeur s’est avéré fondé; le Skyliner était immaculé.
Sous son capot, un moteur à huit cylindres de 312 pouces cube prend place et développe une puissance de 245 chevaux. Du moins, c’est ce qu’annonçait le constructeur à l’époque! Cette mécanique était d’ailleurs aussi offerte avec l’iconique Ford Thunderbird. En 1957, il s’agissait du moteur le plus puissant du catalogue du Skyliner.
Après avoir signé l’entente avec le vendeur, Robert Camerlain a abandonné l’idée de remorquer la voiture jusqu’au Québec et l’a plutôt fait venir par camion. Sept ans plus tard, elle demeure dans son garage, entourée des autres voitures de collection de M. Camerlain, dont une Thunderbird de la même année.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le Skyliner n’a pas été une voiture à problème depuis son immigration canadienne. Vraiment pas. « Depuis 2011, je pense que je n’ai même pas mis 500 $ sur cette auto-là », s’exclame le propriétaire.
Faut dire qu’il ne la sort pas trop souvent non plus, sa grosse voiture américaine. Mais quand le soleil sort, rien ne vaut une balade à bord d’un classique pareil. Le toit baissé, bien entendu.