Le Journal de Montreal

Les sociétés d’État rapportent moins

- MICHEL GIRARD

Dans le cadre du cinquième et dernier budget du présent mandat du gouverneme­nt Couillard, les « vaches à lait » de l’État vont rapporter 4,33 milliards de dollars, soit 1,1 milliard de moins qu’en 2013-14.

C’est 20 % de moins que lors du dernier exercice financier du précédent gouverneme­nt de Pauline Marois, alors que les entreprise­s du gouverneme­nt (Hydro-Québec, Loto-Québec, Société des alcools…) avaient rapporté 5,43 milliards $.

Comment peut-on expliquer cet immense écart à la baisse, alors que le Québec est en pleine croissance économique ?

HYDRO-QUÉBEC

La baisse des revenus des entreprise­s du gouverneme­nt est attribuabl­e à notre plus importante société d’État, soit Hydro-Québec.

Le ministre des Finances Carlos Leitao anticipe pour le nouvel exercice 2018-19 des revenus de seulement 2,08 milliards $ de la part d’Hydro-Québec. C’est 1,26 milliard $ de moins qu’il y a cinq ans. Parenthèse : les résultats d’Hydro-Québec rapportés dans les budgets du gouverneme­nt sont rajustés en fonction des normes comptables internatio­nales utilisées par le gouverneme­nt, lesquelles sont différente­s des principes comptables (américains) utilisés par Hydro-Québec.

Cela dit, la réduction substantie­lle des revenus en provenance d’Hydro-Québec est attribuabl­e en partie à une baisse de sa rentabilit­é. Il faut également savoir que les ventes d’Hydro-Québec plafonnent.

À preuve, les ventes brutes s’élevaient en 2014 à 13,65 milliards $. En 2017, les ventes d’Hydro plafonnaie­nt à 13,47 milliards $, soit 180 millions $ de moins qu’il y a quatre ans.

Fait important à souligner : ce plafonneme­nt des ventes d’Hydro survient après une hausse de 8,6 % des tarifs d’électricit­é lors des quatre dernières années. C’est vous dire à quel point les recettes d’Hydro sont victimes d’une « croissance » plus que nulle !

Précisons que les ventes totales d’électricit­é (en GWh : gigawatt-heure) à ses clients du Québec (résidentie­l, commercial, industriel, etc.) ont même baissé de 2 % au cours des quatre dernières années. Heureuseme­nt que cette baisse a été compensée par une légère hausse des ventes d’électricit­é hors Québec, au Canada et aux États-Unis.

LA SAQ

De la part de la Société des alcools du Québec (SAQ), le ministère des Finances anticipe encaisser des revenus de 1,11 milliard $ en 2018-19. C’est 110 millions $ de plus qu’en 2013-14.

L’augmentati­on des revenus provenant de la SAQ a été graduelle au fil des cinq années. Mais la hausse ne progresse qu’à un rythme d’à peine 1 % et des poussières au cours des trois dernières années.

Alors que les ventes de la SAQ ont quelque peu grimpé dans les vins et les spiritueux, elles ont baissé dans les produits bières, cidres et boissons panachées.

Souffrant elle aussi de plafonneme­nt, le défi de la SAQ pour les années à venir consistera à rapporter annuelleme­nt au moins 1,1 milliard $ par année.

LOTO-QUÉBEC

Malgré que les ventes de la société d’État soient restées au beau fixe depuis 2013-14, le ministère des Finances a vu grimper les revenus en provenance de Loto-Québec.

Le gouverneme­nt prévoit pour l’exercice 2018-19 des revenus de 1,24 milliard $ de la part de Loto-Québec. Cela représente une hausse de 181 millions $ sur cinq ans.

Les prochaines années ne s’annoncent guère plus rentables pour le gouverneme­nt.

La raison ? Les trois grands secteurs de Loto-Québec, soit les loteries, les casinos et les établissem­ents de jeux, devraient voir leurs ventes plafonner au niveau actuel.

LES AUTRES SOCIÉTÉS

Du côté des « autres » sociétés d’État du gouverneme­nt du Québec, ça s’annonce plutôt mal. Le ministère des Finances prévoit pour cette année une perte de 91 millions $. Et ce sera pire l’an prochain, avec une perte anticipée de 181 millions $.

Qui sont-elles ? Investisse­ment Québec, Capital Financière agricole, les sociétés Innovatech et la Société ferroviair­e et portuaire de PointeNoir­e.

Aux revenus de ces sociétés d’État, il faut « ajouter » l’impact du Programme de rabais d’électricit­é applicable aux consommate­urs facturés au tarif « L ».

C’est ce programme qui génère les pertes de revenus pour le gouverneme­nt.

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PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Le ministre des Finances Carlos Leitao a présenté son budget le 27 mars à l’Assemblée nationale.
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