Le Journal de Montreal

Une compensati­on bienvenue, mais pas suffisante

- DOMINIQUE SCALI

Les étudiants en enseigneme­nt pourront mieux respirer grâce à une compensati­on financière annoncée par le gouverneme­nt la semaine dernière, une mesure qui ne sera toutefois pas suffisante pour changer l’image de la profession, selon plusieurs universita­ires.

Les futurs professeur­s se partageron­t une enveloppe de 15 millions $ par an pour leur stage de quatrième année, a révélé le ministre des Finances, Carlos Leitao, dans le cadre du budget provincial. Le montant exact que recevra chaque étudiant n’a toutefois pas encore été calculé par les associatio­ns étudiantes.

Ce stage « très exigeant » dure environ trois mois, explique Antoine Côté, porte-parole de la Campagne de revendicat­ion et d’actions interunive­rsitaires des étudiants en stage. Le stagiaire enseigne à temps plein comme s’il était déjà prof et continue à avoir des travaux universita­ires.

« Les gens s’endettaien­t. Et ceux qui avaient des enfants n’avaient juste pas les moyens d’être en stage. »

SOULAGÉE

Pour M. Côté, cette mesure aidera beaucoup de futurs enseignant­s à terminer leur parcours universita­ire.

« Vous n’imaginez même pas le poids qui vient de m’être enlevé sur les épaules », témoigne Audrey Chamard, 27 ans.

Cette mère de trois enfants est de retour aux études en enseigneme­nt préscolair­e et primaire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle ne peut donc pas travailler à temps partiel les soirs et fins de semaine en plus d’étudier.

« À un moment donné, il faut s’en occuper, des enfants. »

Mais pour les étudiants de l’UQAM, ce n’est pas suffisant. Il faudrait que tous les stages du baccalauré­at soient rémunérés, pas seulement le dernier, explique Gabrielle Bouchard.

Les étudiants de l’UQAM souhaitera­ient aussi qu’un salaire soit versé plutôt qu’une compensati­on, qui peut actuelleme­nt diminuer si le nombre d’étudiants augmente.

Ces demandes ne font toutefois pas l’unanimité au sein des futurs profs, selon l’Union étudiante du Québec, qui estime que la compensati­on est préférable à un salaire pour ne pas être pénalisé dans le calcul de prêts et bourses.

Reste que les profs en devenir s’entendent pour dire que les conditions de travail des enseignant­s devront s’améliorer si l’on veut attirer les futurs profs.

Le nouveau budget provincial inclut d’ailleurs une hausse de 5 % en éducation par rapport à l’année précédente.

« Ça va prendre pas mal plus que ça [pour faire une réelle différence] », s’exclame Emmanuelle Boisvert, étudiante à l’UQAM.

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