Usines d’épuration polluantes
Elles menacent l’eau potable et le chevalier cuivré, un poisson en voie de disparition
Vingt-cinq des 31 usines d’épuration des eaux usées situées dans le secteur de la rivière Richelieu, sur la Rive-Sud, polluent l’environnement et menacent l’eau potable de la Montérégie.
Seulement six usines « n’ont pas besoin d’améliorer leurs performances d’assainissement », révèle un rapport de la Fondation Rivières rendu public aujourd’hui et dont Le Journal a obtenu copie.
Le document concerne les usines du bassin versant de la rivière Richelieu où vivent près d’un demi-million de personnes, entre Lacolle et Sorel-Tracy.
En raison de leur piètre état, les usines de la région ont déversé des eaux usées non traitées 4796 fois dans la nature, en 2016, a calculé l’organisme. Depuis, très peu de travaux correctifs ont été faits.
EAU POTABLE
Les rejets d’eau usée peuvent « affecter la qualité de l’eau aux prises d’eau potable situées en aval », prévient la Fondation oeuvrant à la préservation des cours d’eau.
Pour Environnement Canada, les contaminants ainsi rejetés sont « des menaces pour la santé humaine », car « même les systèmes de traitement sophistiqués ne sont toujours pas capables de [les] retirer de l’eau ».
« Les installations doivent être inspectées. C’est au ministère de l’Environnement de faire la police », lance Alain Saladzius, président de la fondation.
Les questions du Journal au ministère sont restées sans réponses hier.
Pour M. Saladzius, « l’assainissement des eaux est à la dérive depuis quatre ans », soit depuis que Québec a délégué ses responsabilités aux municipalités tout en démantelant les équipes d’inspections et d’accompagnement.
ESPÈCE EN VOIE DE DISPARITION
La Montérégie est particulièrement problématique en raison de sa forte croissance démographique. Entre 2016 et 2021, la population de cette région croîtra de 4,7 %, contre 3,8 % pour l’ensemble du Québec, selon l’Institut de la statistique du Québec.
La rivière Richelieu est de plus un milieu naturel très sensible, car c’est le seul au monde où se reproduit le chevalier cuivré, un poisson en voie de disparition.
Or, « l’impact des rejets est très important sur les capacités de reproduction de l’espèce », indique le biologiste Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs.