Une frange du Bloc veut le tuer pour qu’il renaisse
Il est question de créer un tout nouveau parti fédéral pour sortir de la crise
OTTAWA | Un changement de nom, une nouvelle mission et une autre chef… des personnes haut placées au Bloc québécois proposent de tuer le parti pour le « refonder » ensuite avec tous les souverainistes.
Le Journal a mis la main sur un document de travail confidentiel qui détaille la marche à suivre et le calendrier pour créer un tout nouveau parti avec le Bloc, suivant l’éventuelle démission de sa chef Martine Ouellet.
Des recherches sur l’origine du document ont mené vers de proches collaboratrices de Mme Ouellet, du moins jusqu’à tout récemment, soit la vice-présidente du Bloc, Kédina Fleury-Samson, et la présidente de son Forum jeunesse, Camille Goyette-Gingras.
« Ce qui est au coeur de la démarche, c’est aller chercher des gens qui sont indépendantistes, mais pas bloquistes », a expliqué Mme Goyette-Gingras hier, reconnaissant avoir travaillé à une version du document qui ne mentionnait pas le départ de la chef.
Elle était surprise de l’appel du Journal. Sa proposition ne devait être révélée aux médias qu’à la mi-avril comme une balloune « pour lancer l’idée et prendre le pouls », peut-on lire dans son calendrier.
Mme Goyette-Gingras a ajouté avoir reçu beaucoup de soutien, notamment parmi les jeunes de son parti.
« FIN D’UN CYCLE »
« Le Bloc québécois tel qu’on l’a connu est à la fin d’un cycle », a expliqué pour sa part la vice-présidente du Bloc.
Mme Fleury-Samson a dit ne pas comprendre pourquoi son nom était associé au fichier reçu par Le Journal, mais a admis être sur le point de présenter l’initiative à Martine Ouellet et au Bureau national du parti.
« Vous avez dans les mains quelque chose d’embryonnaire, qui pourrait changer. […] Mais c’est le meilleur moment pour repenser le parti. »
SCEPTIQUE
L’ex-chef du Bloc Gilles Duceppe s’est montré sceptique lorsque Le Journal lui a présenté la démarche. La proximité avec les élections provinciales et les difficultés à amasser des dons pour une nouvelle formation sont autant d’obstacles à faire table rase du Bloc, selon lui.
La chef actuelle, Martine Ouellet, est contestée dans ses rangs depuis plusieurs semaines à la suite du départ de sept de ses députés. Un congrès le 29 avril doit confirmer les questions du « référendum » auprès des membres sur la mission du parti et la confiance envers la chef.
Ni Mme Ouellet ni les sept ex-bloquistes n’étaient au courant de la démarche, hier, et n’ont pas souhaité la commenter.