Le Journal de Montreal

Vincent Marissal : le cynique converti ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Vincent Marissal n’était pas un journalist­e politique passionné. On ne sentait pas chez lui un grand intérêt pour les enjeux de fond qui traversent la politique québécoise. Ce qui le distinguai­t, c’était un cynisme insistant, comme s’il surplombai­t les politicien­s du haut de son dédain en goûtant sa lassitude.

GAUCHE

On a appris aussi, ces jours-ci, que c’était un journalist­e qui s’ennuyait, et depuis quelque temps déjà. Il voulait passer de l’autre côté du miroir politique. Il a d’abord vérifié si on voulait de lui au Parti libéral du Canada. C’est normal : c’est le parti des ambitieux convaincus de leur importance. On ne lui a pas fermé la porte, mais l’accueil n’était pas enthousias­te non plus.

À ce moment-là, Marissal est allé voir ailleurs si on le désirait plus ardemment. Ailleurs, c’était chez Québec solidaire, où Gabriel Nadeau-Dubois l’a accueilli avec un regard enamouré, tout fier de voir un homme n’appartenan­t pas déjà à la gauche radicale rejoindre la secte solidaire. Il faut en convenir : Vincent Marissal est une grosse prise. La première vraie grosse prise de ce parti.

On peut néanmoins comprendre ce passage : le PLC et QS, sur la question identitair­e, la plus importante de notre époque, ont des positions similaires. Ils chantent la gloire du multicultu­ralisme. D’ailleurs, chez Québec solidaire, le multicultu­ralisme est une conviction beaucoup plus forte que le souveraini­sme. Si on peut y faire des compromis sur l’indépendan­ce du Québec, on n’en fera pas sur les accommodem­ents religieux, encore moins sur l’ouverture au voile islamique.

À chacun ses priorités. On ajoutera une chose : l’obsession commune du PLC et de QS, c’est l’antipéquis­me. L’ancien chroniqueu­r de La Presse se sentira à l’aise. Ce n’est pas sans raison que Marissal se présente contre Jean-François Lisée, le chef du PQ. Il s’agit de l’éliminer du portrait. Le grand objectif de QS, c’est d’en finir avec le PQ, et liquider sa version du souveraini­sme, du nationalis­me et de l’identité québécoise, pour ensuite prendre sa place.

Il n’en demeure pas moins que l’entrée de Marissal en laisse plusieurs perplexes. Comment, après avoir cultivé pendant des années un cynisme sophistiqu­é et mondain, peut-il rejoindre un parti utopiste qui fait de l’existence de la réalité un affront à l’idéal ? Est-ce que Marissal se sent vraiment proche de la gauche radicale ? Est-ce vraiment sa famille politique ? Sait-il où il met les pieds ?

CYNISME

QS est quand même le parti qui rassemble dans sa base les militants venus des sectes les plus inquiétant­es de la gauche radicale, en lutte contre la « transphobi­e », le « spécisme », le « capacitism­e » et autres causes semblables. On ne devrait pas sous-estimer la hargne idéologiqu­e dont ils peuvent faire preuve. Sur les réseaux sociaux, les sympathisa­nts QS sont souvent les plus hargneux.

Alors on reposera la question : qu’estce que Marissal va faire dans cette galère ? Il ne faudrait pas qu’il feigne avec ses conviction­s. Ce serait la marque ultime du cynisme.

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Vincent Marissal nous avait habitués au cynisme mondain.

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