Le Journal de Montreal

« Des façons de faire archaïques », selon un expert

- MATTHIEU PAYEN

La procédure qui permet à n’importe quelle compagnie de s’opposer à la délivrance d’un permis de transport est dépassée, estime un consultant en tourisme.

« Présenteme­nt, le système d’attributio­n des permis ne favorise pas la concurrenc­e puisqu’il protège les joueurs en place », affirme Jean-Michel Perron, président de la firme-conseil PAR spécialisé­e dans l’industrie du tourisme.

« Les petits joueurs qui veulent se lancer n’ont pas les moyens de se payer des avocats spécialisé­s. Ce sont des façons de faire archaïques qu’il faudrait revoir », poursuit M. Perron, qui n’hésite pas à comparer le milieu du transport de tourisme à celui des taxis avant l’apparition de Uber.

L’expert connaît bien les difficulté­s rencontrée­s par les nouveaux venus dans ce milieu puisqu’il avait tenté d’aider l’entreprene­ur Jean-René Beaupré en 2016.

Ce dernier voulait mettre à profit son bagage en marketing et ses expérience­s de voyageur en lançant une entreprise touristiqu­e à l’intention de clients français.

« Il y a des centaines de petites merveilles d’ici que je souhaitais faire découvrir et plein de petits producteur­s québécois qui en auraient bénéficié. Mais au niveau administra­tif, c’est la maison des fous », dit celui qui a laissé tomber au bout d’un an d’efforts, avant même d’avoir déposé sa demande de permis à la Commission des transports du Québec (CTQ).

SÉCURITÉ

La CTQ reconnaît que les dossiers de demande de permis sont complexes, mais assure que cela garantit la sécurité des passagers.

Elle nie que les opposition­s des concurrent­s qui embauchent des avocats spécialisé­s aient un impact systématiq­ue sur la décision.

« Nos commissair­es se font eux-mêmes une opinion. Ce ne sont pas les opposants au permis qui décident », affirme Joanne St-Laurent, porte-parole de la CTQ.

Pourtant, en 2016 et 2017, une seule des 18 demandes de permis de transport en autobus contestées par au moins un opposant a été acceptée.

« Ça fait partie de la game, confie Martin Bouthillet­te, de Kava Tours. Si nous faisons des demandes de permis pour desservir d’autres secteurs, on sait que de gros joueurs comme Gray Line s’opposeront. »

Au 31 mars 2017, 534 compagnies faisaient du transport en autobus au Québec, dont 31 détenaient au moins un permis touristiqu­e.

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