Le Journal de Montreal

Une thérapie à cheval aide leur fillette paralysée

Des parents déplorent que l’hippothéra­pie ne soit pas remboursée par la RAMQ

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Les parents d’une fillette devenue paralysée de la tête aux pieds du jour au lendemain déplorent que la thérapie à cheval ayant permis à leur petite de retrouver certaines de ses capacités motrices ne soit pas remboursée par le gouverneme­nt.

« Quand on termine une séance d’hippothéra­pie, on est encore dans l’auto pour retourner à la maison et on voit déjà des changement­s chez Mila. On dirait que ça vient réveiller des parties de son corps », affirme Mélanie Joannette.

La petite Mila, qui aura trois ans en mai, souffre de myélite transverse idiopathiq­ue. Cette rare maladie immunitair­e se traduit par une inflammati­on de la moelle épinière et cause généraleme­nt une faiblesse musculaire ou une paralysie. Environ huit personnes sur un million en sont atteintes.

Alors que la fille de Mme Joannette se développai­t tout à fait normalemen­t, tous ses membres se sont paralysés en l’espace de quelques heures une nuit d’octobre 2016. Elle était âgée de 17 mois.

« Ce soir-là, elle ne voulait pas dormir, elle n’arrêtait pas de pleurer. On a fini par l’amener dans notre lit avec nous, et là, elle a commencé à être hystérique. On sait maintenant qu’elle était en douleur », relate la maman de Saint-Constant.

POUPÉE DE CHIFFON

À un certain moment, Mila a tenté de se soulever sur ses coudes, mais son bras gauche ne coopérait plus. Inquiets, Mélanie Joannette et son conjoint, Kevin Goolab, se sont rendus à l’hôpital avec leur petite.

Là-bas, une imagerie par résonance magnétique (IRM) a permis aux médecins de poser le diagnostic de myélite transverse idiopathiq­ue.

« Quand j’ai pris ma fille pour la première fois à l’hôpital, elle était molle comme de la guenille, on aurait dit une poupée de chiffon », se souvient Mme Joannette.

Comme tous ses muscles sont affectés, Mila avait aussi de la difficulté à respirer par elle-même et à uriner. Elle est demeurée un peu plus de deux mois à l’hôpital et a ensuite été transférée dans un centre de réadaptati­on pour six mois.

Bien qu’il n’existe aucune cure pour la maladie dont souffre la fillette, les séances de physiothér­apie, d’ergothérap­ie et d’orthophoni­e qu’elle suit chaque semaine lui ont permis de réaliser certains progrès. Les médecins ne savent pas si elle pourra marcher un jour, mais elle est désormais capable de respirer sans assistance et ses doigts ont recommencé à bouger.

Selon ses parents, c’est sans aucun doute l’hippothéra­pie qui a le plus aidé Mila. Deux fois par semaine, elle monte à cheval avec le soutien de trois personnes qui lui font faire différents exercices pour améliorer sa motricité (voir autre texte).

TRAVAILLER EN S’AMUSANT

« Quand on va à une séance de physio ou d’ergo ordinaire, ma fille, ça ne lui tente pas, mentionne Mélanie Joannette. Mais sur le cheval, elle ne se rend même pas compte qu’elle travaille. Et on a remarqué énormément d’améliorati­ons au niveau de sa posture, de son tonus. »

Même si cette stratégie de réadaptati­on a été recommandé­e par la neurologue de Mila et qu’elle est dispensée par un profession­nel de la santé (physiothér­apeute, ergothérap­eute ou orthophoni­ste), l’hippothéra­pie n’est pas couverte par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Chaque séance coûte environ 125 $.

« On nous dit que c’est parce qu’il n’y a pas assez de preuves scientifiq­ues, mais nous, on voit les résultats, dit Mme Joannette. Il n’y a rien qui fonctionne comme ça pour Mila. »

Une collecte de fonds a été lancée sur le site www.youcaring.com pour aider les parents de Mila à payer ses séances d’hippothéra­pie.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Mila, 2 ans, suit deux séances d’hippothéra­pie par semaine à la clinique CRCM. Elle pratique différents exercices sur le dos du cheval, comme se mettre à quatre pattes.
PHOTO COURTOISIE Mila, 2 ans, suit deux séances d’hippothéra­pie par semaine à la clinique CRCM. Elle pratique différents exercices sur le dos du cheval, comme se mettre à quatre pattes.

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