Frappes aériennes meurtrières sur la dernière poche rebelle
Des secouristes dénoncent un recours au « gaz de chlore toxique » en Syrie
BEYROUTH | (AFP) Les frappes des forces de Damas devaient se poursuivre aujourd’hui après celles de la veille pour faire plier le dernier groupe rebelle dans son fief de Douma, tuant 70 civils en 24 heures dans la Ghouta orientale près de Damas.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (0SDH) a fait état de dizaines de cas de suffocation, dont certains ont entraîné la mort à Douma, ultime poche rebelle aux portes de la capitale, des Casques blancs, secouristes en zones rebelles, dénonçant un recours au « gaz de chlore toxique ».
Mais immédiatement après ces accusations, les médias d’État ont réfuté toute responsabilité du régime de Bachar al-Assad, dénonçant une « farce » et les « fabrications » des insurgés en déroute.
L’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources sur le terrain, a assuré ne pas être en mesure de « confirmer ou de nier » ces accusations d’attaques chimiques. L’Observatoire a toutefois rapporté au moins 70 cas de difficultés respiratoires et de suffocation parmi les civils pris au piège de sous-sols ou de pièces faiblement ventilées et ne pouvant s’échapper pour trouver de l’air après les raids, précisant que 11 personnes, dont quatre enfants, avaient péri dans ces conditions.
SECONDE ATTAQUE
De leur côté, après avoir initialement évoqué une première attaque chimique et un recours à « du gaz de chlore toxique », les Casques blancs ont rapporté sur leur compte Twitter une seconde attaque plus tard dans la soirée d’hier, ayant fait au total « 40 morts et des centaines de blessés ».
Les forces du régime de Bachar al-Assad ont déjà reconquis 95 % des zones rebelles de la Ghouta, à la faveur d’un pilonnage meurtrier initié le 18 février, mais aussi d’accords d’évacuation parrainés par son indéfectible allié russe.
Après une accalmie de plusieurs jours, le pouvoir a repris vendredi ses raids aériens dévastateurs contre la ville de Douma, tenue par Jaich al-Islam, qui semble rejeter toute sortie. Le groupe rebelle compterait quelque 10 000 combattants, selon l’OSDH.
Samedi, trente civils, dont huit enfants, ont péri dans des frappes aériennes, selon un nouveau bilan de l’OSDH. La veille, 40 habitants ont été tués dans des raids similaires, d’après la même source.
PAYSAGE DE DÉVASTATION
La télévision d’État syrienne a montré des colonnes de fumée surplombant un paysage de dévastation à Douma, assurant que les forces du régime progressaient dans les champs aux alentours de la ville. Plus que jamais, le régime est déterminé à reconquérir toute la Ghouta. Grâce à l’appui militaire de Moscou, il contrôle déjà plus de la moitié du pays, ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350 000 morts.
Le pouvoir justifie son offensive en pointant du doigt les obus et roquettes meurtriers tirés par les insurgés de la Ghouta sur sa capitale. Hier, six civils ont été tués dans des bombardements sur Damas, selon la télévision d’État. Mais le porte-parole de Jaich al-Islam, Hamza Bayraqdar, a assuré que les rebelles n’avaient visé aucun quartier de Damas.