Les pertes s’accumulent
La Presse + pèse lourd sur les finances du groupe dont le titre a perdu 29 % en 10 ans
Les pertes ne cessent de s’accumuler au sein du groupe d’entreprises comptant le quotidien La Presse. Les « autres filiales » de Power Corporation ont en effet perdu pas moins de 400 millions de dollars depuis le lancement de l’application La Presse +.
Présentés il y a deux semaines, les résultats de la société de la famille Desmarais ne permettent pas de connaître la situation financière précise du quotidien. La Presse + et lapresse.ca se retrouvent mêlés à un ensemble d’« autres filiales » dans les états financiers de Power Corporation.
Cette catégorie d’actifs a perdu 400 M$ depuis le printemps 2013, moment du lancement de l’application pour tablette, révèlent les rapports de l’entreprise. Dans la dernière année, les pertes s’élèvent à 89 M$.
« Les “autres filiales” sont un ensemble d’organisations très différentes des activités principales de Power », une entreprise spécialisée dans les services financiers, commente le professeur de journalisme Jean-Hugues Roy, qui s’est penché sur la situation financière du média. « C’est un fourre-tout. »
La Presse a mis fin à son édition papier en décembre 2017. Quelques semaines plus tard, à Radio-Canada, le grand patron Pierre-Elliott Levasseur avait reconnu le besoin de « continuer à faire évoluer l’écosystème de La Presse ». « Oui, on a fait évoluer [notre modèle], mais notre expérience n’est pas optimisée pour le mobile », a-t-il dit.
MANQUE DE TRANSPARENCE
M. Roy déplore que La Presse et la plupart des médias québécois ne divulguent pas leurs résultats. « Les médias, on est dans la business de la transparence, on demande des comptes à tout plein de pouvoirs, de sociétés. Il faudrait être plus transparent sur nos activités, incluant nos finances », dit-il.
Parmi les concurrents de La Presse, Le Devoir a récemment cessé de rendre publics ses états financiers. Québecor diffuse quant à elle les résultats combinés du secteur médias, qui regroupe TVA, Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec, ses magazines et d’autres activités.
Actionnaire militant au sein de Power Corporation, l’homme d’affaires québécois Graeme Roustan réclame lui aussi plus de transparence. « Regrouper toutes sortes d’entreprises disparates, ça peut donner l’impression qu’ils ont quelque chose à cacher. »
Il croit en outre que Power Corporation devrait se départir de ses actifs non essentiels pour se concentrer sur les services financiers et d’assurance. « S’ils l’avaient fait, le prix de l’action serait bien plus élevé. » Le titre de Power a en effet perdu 29 % de sa valeur depuis 10 ans, dit le millionnaire, qui affirme vouloir convaincre les Desmarais de lui vendre leur quotidien numérique.
Stéphane Lemay, vice-président de Power, précise que « les investissements qui sont inclus dans les autres filiales changent régulièrement », et que cette catégorie « inclut plusieurs investissements autres que Groupe de communications Square Victoria [qui détient notamment La Presse] ».