Le Journal de Montreal

Les pertes s’accumulent

La Presse + pèse lourd sur les finances du groupe dont le titre a perdu 29 % en 10 ans

- PHILIPPE ORFALI

Les pertes ne cessent de s’accumuler au sein du groupe d’entreprise­s comptant le quotidien La Presse. Les « autres filiales » de Power Corporatio­n ont en effet perdu pas moins de 400 millions de dollars depuis le lancement de l’applicatio­n La Presse +.

Présentés il y a deux semaines, les résultats de la société de la famille Desmarais ne permettent pas de connaître la situation financière précise du quotidien. La Presse + et lapresse.ca se retrouvent mêlés à un ensemble d’« autres filiales » dans les états financiers de Power Corporatio­n.

Cette catégorie d’actifs a perdu 400 M$ depuis le printemps 2013, moment du lancement de l’applicatio­n pour tablette, révèlent les rapports de l’entreprise. Dans la dernière année, les pertes s’élèvent à 89 M$.

« Les “autres filiales” sont un ensemble d’organisati­ons très différente­s des activités principale­s de Power », une entreprise spécialisé­e dans les services financiers, commente le professeur de journalism­e Jean-Hugues Roy, qui s’est penché sur la situation financière du média. « C’est un fourre-tout. »

La Presse a mis fin à son édition papier en décembre 2017. Quelques semaines plus tard, à Radio-Canada, le grand patron Pierre-Elliott Levasseur avait reconnu le besoin de « continuer à faire évoluer l’écosystème de La Presse ». « Oui, on a fait évoluer [notre modèle], mais notre expérience n’est pas optimisée pour le mobile », a-t-il dit.

MANQUE DE TRANSPAREN­CE

M. Roy déplore que La Presse et la plupart des médias québécois ne divulguent pas leurs résultats. « Les médias, on est dans la business de la transparen­ce, on demande des comptes à tout plein de pouvoirs, de sociétés. Il faudrait être plus transparen­t sur nos activités, incluant nos finances », dit-il.

Parmi les concurrent­s de La Presse, Le Devoir a récemment cessé de rendre publics ses états financiers. Québecor diffuse quant à elle les résultats combinés du secteur médias, qui regroupe TVA, Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec, ses magazines et d’autres activités.

Actionnair­e militant au sein de Power Corporatio­n, l’homme d’affaires québécois Graeme Roustan réclame lui aussi plus de transparen­ce. « Regrouper toutes sortes d’entreprise­s disparates, ça peut donner l’impression qu’ils ont quelque chose à cacher. »

Il croit en outre que Power Corporatio­n devrait se départir de ses actifs non essentiels pour se concentrer sur les services financiers et d’assurance. « S’ils l’avaient fait, le prix de l’action serait bien plus élevé. » Le titre de Power a en effet perdu 29 % de sa valeur depuis 10 ans, dit le millionnai­re, qui affirme vouloir convaincre les Desmarais de lui vendre leur quotidien numérique.

Stéphane Lemay, vice-président de Power, précise que « les investisse­ments qui sont inclus dans les autres filiales changent régulièrem­ent », et que cette catégorie « inclut plusieurs investisse­ments autres que Groupe de communicat­ions Square Victoria [qui détient notamment La Presse] ».

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN ET AFP ?? Guy Crevier, aujourd’hui éditeur et vice-président du conseil, a piloté la création de La Presse +, en 2013. Il prendra la parole devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal aujourd’hui pour parler de « stratégies numériques gagnantes ».
PHOTOS D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN ET AFP Guy Crevier, aujourd’hui éditeur et vice-président du conseil, a piloté la création de La Presse +, en 2013. Il prendra la parole devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal aujourd’hui pour parler de « stratégies numériques gagnantes ».

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