Elle choisit la prison plutôt que d’incriminer son pimp
La victime de 18 ans est passible d’outrage au tribunal
Une victime d’un proxénète allégué a été envoyée en prison parce qu’elle refuse de poursuivre son témoignage au procès de celui qui l’aurait forcée à se prostituer pendant des mois.
« Personne n’agit ici de gaieté de coeur, mais une ordonnance de la cour, on la respecte, sinon on en subit les conséquences », a expliqué le juge David Simon, hier, au palais de justice de Montréal.
La témoin de 18 ans, qui ne peut être identifiée, devait se présenter à la cour la semaine dernière au procès de Julien Leblanc. Le Montréalais de 25 ans est accusé de traite de personne sur la jeune femme, de l’été 2016 à janvier 2017.
La jeune femme avait commencé son témoignage en février, mais comme elle n’est pas revenue à la cour comme prévu, le magistrat a dû lancer un mandat d’arrestation contre elle.
L’avocate de Leblanc, Vicky Powell, envisageait de demander l’arrêt des procédures, mais la jeune femme a toutefois été localisée lundi.
Après une nuit passée dans une cellule à part des autres détenus, la jeune femme a été emmenée devant le juge.
« Non », a-t-elle simplement dit, quand elle s’est fait demander si elle avait l’intention de témoigner. Elle n’a pas donné d’explication.
RÉPONSE « NAVRANTE »
Qualifiant la réponse de la témoin de « navrante », le juge a alors ordonné la détention de la jeune femme pour s’assurer de sa présence devant la cour. « La situation est malheureuse, mais c’est ainsi, a dit le juge à la témoin. Je pense qu’il est temps d’envisager de collaborer. Si vous ne répondez pas aux questions, vous êtes passible d’outrage, et ce n’est pas souhaitable. »
La porte-parole du Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, Sophie Tremblay, explique que ce cas « extrême » démontre que le processus judiciaire n’est « pas toujours évident » pour les victimes, d’où l’importance de services d’accompagnement pour les aider à passer au travers des procédures.
Le procès de Leblanc reprend aujourd’hui au palais de justice de Montréal.