Le Journal de Montreal

L’ONU impuissant­e face aux armes chimiques en Syrie

La Russie bloque une fois de plus la création d’un mécanisme d’enquête

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NEW YORK | (AFP) Le Conseil de sécurité de l’ONU a étalé hier ses divisions sur la création d’un nouveau mécanisme d’enquête sur le recours aux armes chimiques en Syrie, se montrant incapable de trouver un consensus au profit de la population syrienne.

Faisant suite à des attaques chimiques présumées samedi à Douma en Syrie, un double vote sur un texte russe et un texte américain n’a abouti à aucune adoption.

« La Russie a saccagé la crédibilit­é du Conseil de sécurité », a lancé l’ambassadri­ce américaine à l’ONU, Nikki Haley. C’est « une farce », a-t-elle ajouté.

« Vous faites encore un pas vers la confrontat­ion », a rétorqué son homologue russe Vassily Nebenzia, alors que Washington menace de recourir à la force pour sanctionne­r les attaques de samedi, imputées au régime syrien.

Lors du premier scrutin, la Russie, membre permanent, a opposé son veto à un projet de résolution américain prévoyant de créer un nouveau « mécanisme d’enquête indépendan­t des Nations unies » (UNIMI) sur le recours aux armes chimiques en Syrie.

DOUZIÈME VETO

Le projet de texte américain a été soutenu par 12 voix, deux pays ont voté contre (Russie et Bolivie) et un s’est abstenu (Chine). Le Conseil de sécurité comprend 15 membres et un texte est adopté lorsqu’il recueille au moins 9 voix, sans veto d’un membre permanent. Il s’agit du douzième veto russe sur une résolution de l’ONU concernant la Syrie depuis le début de la guerre en 2011.

Six d’entre eux concernaie­nt les armes chimiques, a déploré l’ambassadeu­r néerlandai­s, Karel Van Oosterom.

« L’impunité ne peut prévaloir », a-t-il dit, en réclamant au Conseil de continuer à travailler sur la création d’un mécanisme d’enquête sur les armes chimiques.

Lors d’un deuxième vote, le Conseil de sécurité a rejeté, faute de voix suffisante­s, un projet de résolution proposé par la Russie qui visait à soutenir une enquête de l’Organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques (OIAC).

L’ONU n’a plus d’organisme d’enquête dédié aux attaques chimiques en Syrie depuis la disparitio­n fin 2017 du JIM, un groupe ONU-OIAC (Organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques) dont le mandat n’a pas été renouvelé en raison des vetos russes.

La Russie, comme la Syrie, dément tout recours aux armes chimiques ce jour-là.

Selon les Casques blancs, des sauveteurs syriens en zone rebelle, et une ONG américaine, les attaques de samedi ont fait au moins 40 morts dans cette dernière poche des rebelles aux abords de la capitale syrienne.

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