Le Journal de Montreal

Sophie, ne t’excuse pas

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

En tout cas, j’espère que Sophie Lorain ne se Louis-Jean-Cormier-era pas. J’espère qu’elle ne s’excusera jamais d’avoir dit à TLMEP que la parité, elle n’en a « rien à cirer » ou d’avoir comparé la parité à de la condescend­ance. Et j’espère qu’elle ne regrettera jamais d’avoir dit qu’elle n’avait pas besoin de la « pitié » de qui que ce soit. Cette femme a du front tout le tour de la tête, ça en prend pour penser différemme­nt du troupeau dans la MCA (Merveilleu­se Communauté Artistique).

PAS DE MEA CULPA

En 2012, mon chum et moi avons rencontré un grand artiste qui nous a dit qu’il pensait exactement comme nous au sujet de la crise étudiante. Lui aussi était carré vert et il appuyait à 100 % nos chroniques sur le printemps érable. « Mais pourquoi tu ne le dis pas publiqueme­nt ? » lui avons-nous demandé. « Parce que mon milieu ne me le pardonnera­it pas. »

C’est pour ça que je trouve que Sophie Lorain a eu des couilles de dire le fond de sa pensée à Tout le monde en parle. Elle se moque de savoir ce que son « milieu » pense de ses idées.

Imaginez ! Elle se prononçait sur le sujet quelques semaines seulement après que Louis-Jean Cormier s’est fait varloper pour avoir dit, en des termes pas mal plus conciliant­s, que la parité n’était pas sa tasse de thé.

J’ai écrit plusieurs fois pourquoi je pensais que la parité n’avait pas sa place dans le domaine culturel : en résumé, on laisse les créateurs créer comme ils le veulent.

On en a vu un excellent exemple dans une entrevue avec Lorraine Pintal dans La Presse. Elle présentait la prochaine saison du Théâtre du Nouveau-Monde et parlait de l’adaptation théâtrale qui sera faite de l’excellent livre d’Anaïs Barbeau-Lavalette La femme qui fuit.

Pintal aurait bien aimé que la pièce soit mise en scène par une femme, mais Barbeau-Lavalette voulait absolument travailler avec Dominic Champagne.

Si le TNM avait un programme de parité imposée, même les femmes ne pourraient pas faire ce qu’elles veulent, elles seraient obligées de travailler avec un quota ! On voit bien à quel point ce genre de mesure est inapplicab­le dans le milieu culturel.

Si une femme a envie de travailler avec un homme, va-t-on l’en empêcher, au nom de la sacro-sainte parité ?

VA ET NE PÈCHE PLUS

Sophie Lorain avait tout à fait raison d’associer parité et condescend­ance. La preuve, c’est qu’après son passage à TLMEP, plusieurs féministes « paritarist­es » ont écrit que si certaines femmes n’appuyaient pas la parité, c’est… qu’elles ne comprenaie­nt pas bien ce que ça voulait dire !

Ben oui, chose, si on ne pense pas comme vous, c’est juste qu’on n’est pas assez intelligen­te ou qu’on n’a pas lu les bons livres sur le sujet. « Tu es dans l’erreur, car tu n’as pas assez bien étudié les écrits féministes qui pourraient t’éclairer ».

Comme les curés, en chair, qui sermonnaie­nt les « brebis égarées » qui avaient « perdu le droit chemin ».

Ça ne rentre pas dans la tête de ces gens-là, que Sophie Lorain est une grande fille, qu’elle sait très bien ce qu’est la parité, mais qu’elle ne veut tout simplement rien savoir ?

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