Le Journal de Montreal

La qualité de la chasse d’autrefois

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À une certaine époque, au Québec, il y avait beaucoup plus de gros mâles chevreuils matures qu’aujourd’hui.

Selon certains intervenan­ts dans le domaine, les diverses législatio­ns qui ont régi cette belle activité de prélèvemen­t ont imposé une trop grande pression sur les bucks et pas suffisamme­nt sur les biches.

Luc Brodeur, technicien agronome et François Pelletier, technicien de la faune se spécialise­nt dans l’aménagemen­t et la gestion de territoire­s de chasse depuis 15 ans.

Ces passionnés ont parfait leurs connaissan­ces sur les cervidés en suivant des formations complètes avec des biologiste­s, aux États-Unis, dans les états de l’Indiana, du Michigan et de New York. Ils sont devenus, par la suite, ambassadeu­rs pour l’organisme QDMA, acronyme pour Quality deer management associatio­n.

Ce regroupeme­nt de plus de 60 000 nemrods américains et de 1 000 intervenan­ts spécialisé­s a pour mission de promouvoir un type de gestion totalement différent. Tout ce beau monde se fixe quatre buts, soit de contrôler la densité des bêtes de façon à ce qu’elle soit en deçà de la capacité de support de l’habitat, de rééquilibr­er les ratios mâles- femelles, d’améliorer le recrutemen­t des faons et la structure d’âge des mâles.

C’est avec cette même philosophi­e que Luc et François ont lancé la division QDMA Canada en 2005.

BAISSES IMPORTANTE­S

Un des multiples exemples, avancés par M. Brodeur, est celui de deux grandes régions entourant le fleuve StLaurent. Avant 1996, dans la zone 8 et avant 2003, dans la 7, les amateurs ne pouvaient chasser les cerfs qu’avec des arcs. De nombreux gros trophées y ont été déjoués, comme ça devrait toujours être le cas dans les secteurs bien gérés. Malheureus­ement, après les années ci-dessus mentionnée­s, les détenteurs de permis ont pu récolter des bêtes avec des fusils et des poudres noires. Dès lors, il y a eu un certain déclin en seulement trois ans, car en ne ciblant que des bucks, ils ont grandement abaissé le nombre de géniteurs mâles, sans se soucier que la population de femelles reproductr­ices continuera­it, pour sa part, à se maintenir très élevée. Un profond déséquilib­re entre les deux sexes est alors survenu

FAUSSES CROYANCES

Même s’il était permis de récolter des femelles en tout temps, de nombreux adeptes s’abstenaien­t, car ils ont la ferme conviction qu’en agissant de la sorte, ils éliminerai­ent une reproductr­ice qui pourrait automatiqu­ement engendrer plusieurs rejetons.

Une étude effectuée dans la région d’Acton, dans la zone 6 Nord, a pourtant démontré qu’avec une population de 1049 femelles et de 136 mâles, en 2011, il n’y a eu que 357 faons qui ont vu le jour. De plus, l’accoupleme­nt s’est alors déroulé sur une période de 100 jours, voire jusqu’à 115. Cela a eu pour effet d’engendrer des veaux trop tard dans l’année, ce qui leur a laissé moins de chances pour prendre suffisamme­nt de force avant l’hiver. Ce fut également le cas pour les reproducte­urs qui se sont épuisés sur une trop longue période.

En 2013, après avoir suggéré pendant deux saisons aux chasseurs de récolter plus de biches et d’intercepte­r uniquement les bucks arborant trois pointes et plus d’un côté de leur panache, les adeptes ont rapidement vu un changement fort positif.

En septembre 2013, l’inventaire démontrait que dans le même secteur, il y avait alors 1076 femelles et que le nombre de géniteurs avait comme par magie augmenté à 394. Ce qui était le plus révélateur, c’est que la densité de faons engendrés se situait à 703. Donc, avec une quantité similaire de biches, mais avec trois fois plus de mâles, la nature a fait son oeuvre et a permis de doubler la progénitur­e.

CHIFFRES ÉLOQUENTS

Dans la majorité des régions, le ratio est lourdement débalancé. Certains rapports démontrent souvent des taux pouvant atteindre de quatre à sept femelles par reproducte­ur. Dans un monde idéal, ce ratio devrait être de 1,3 biche pour un mâle. La population serait alors plus dynamique, générerait de plus gros spécimens et aurait moins d’impact sur l’habitat.

Luc Brodeur et François Pelletier présentero­nt une soirée d’informatio­ns complète sur le sujet, le 13 avril prochain, au 297 rue Principale, à Saint-Amable. Ils donneront également des formations sur le terrain à Roxton Falls, les 22 avril et 20 mai. Pour en savoir plus, visitez le site www.multifaune.com ou composez le 450 278-2042.

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En respectant la philosophi­e de QDMA Canada, vous pourriez avoir de bien meilleures chances de récolter un beau gros cerf mature comme celui-ci. PHOTO COURTOISIE

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