Le Journal de Montreal

Ses professeur­s au cégep l’encouragen­t

- DOMINIQUE SCALI

« Un jour dans la rue, un homme m’a dit : ‘‘Dieu pleure parce que vous êtes soumise’’. Je suis allée lui serrer la main et on a échangé pendant quelques minutes. »

Sondros Lamrhari a bien l’intention de miser sur son entregent pour désamorcer les situations tendues dans son futur boulot… y compris celles qui sont reliées à son foulard islamique. « Je suis ouverte à la critique. » Elle sait que plusieurs personnes sont contre le port de signes religieux chez ceux qui représente­nt l’autorité de l’État, comme le recommanda­it la commission Bouchard-Taylor.

POLICIÈRE D’ABORD

Mais elle croit qu’on prête des intentions et des biais à ceux qui les portent.

« À date, je n’ai endoctriné personne », dit-elle avec une pointe d’humour.

« Je vais être une policière d’abord et avant tout. Ça ne changera rien à mes interventi­ons. »

Son amie Sarah Brodeur, qui étudie avec elle en techniques policières, observe qu’elle a le tour de rapidement changer la perception des gens à son égard.

D’ailleurs, la première chose qu’elle a remarquée quand elle l’a rencontrée, ce n’est pas son voile, mais à quel point cette dernière courait et nageait comme une pro. « J’étais impression­née », se souvient-elle.

Personne dans son programme ne lui a fait sentir qu’elle n’avait pas sa place, raconte Sondos Lamrhari.

Aucun enseignant ne lui a d’ailleurs dit qu’elle n’avait pas le droit de porter son voile. « En fait, je reçois surtout des encouragem­ents. »

S’AJUSTER

Elle n’a pas eu à faire de demande d’accommodem­ent raisonnabl­e. Le Collège Ahuntsic serait intervenu si son foulard avait compromis sa sécurité, mais ce n’est pas le cas, explique Charles Duffy, directeur des études.

« On est un collège à visage très montréalai­s, où la diversité est représenté­e. On est ouvert », ajoute-t-il.

Reste qu’elle se pose parfois des questions sur ce qui lui sera permis ou pas pendant son parcours.

Avant, elle portait un foulard qui couvrait les oreilles et le cou. Depuis son entrée au cégep, elle l’a troqué pour un foulard qui ne couvre que les cheveux, même si on ne lui a rien demandé.

« Le message, c’est que je suis capable de m’ajuster. »

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