Déterminée à être policière et à conserver son voile
Elle est la première étudiante en techniques policières à le porter au Québec
Convaincue qu'elle veut devenir policière, mais tout aussi persuadée de vouloir garder son hijab. Malgré le débat en cours, la première étudiante voilée en techniques policières du Québec est prête à tout pour exercer son futur métier.
« Je veux devenir policière. Si je dois aller sur la lune pour y arriver, je le ferai », affirme avec aplomb Sondos Lamrhari. L'étudiante de 17 ans est entrée cet automne en techniques policières au Collège Ahuntsic, à Montréal.
Le débat sur le port de signes religieux dans la police a refait surface la semaine dernière. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a répété hier être ouverte à l’idée.
Pour plusieurs figures publiques, cet enjeu n’est toutefois pas urgent, car il ne touche aucun policier en poste (voir encadré).
Or, cette question deviendra concrète quand Sondos terminera ses études, d’ici trois à quatre ans. Elle rêve de travailler pour la police de Montréal (SPVM) ou celle de Laval, où elle a grandi.
« Elle est forte, dit sa mère Meriem Mouktani. C’est un métier qui peut la rendre heureuse et à travers lequel elle pourra redonner beaucoup. C’est une enfant honnête qui aime tellement le Québec. Une vraie Québécoise. »
PIONNIÈRE
Sondos Lamrhari est la seule au Québec dans cette situation, selon ce que Le Journal a confirmé auprès des 12 cégeps qui offrent le programme de techniques policières.
Il ne suffit que de quelques minutes avec elle pour constater sa fougue et son assurance. « Enlever mon voile, ce serait comme de baisser les bras », dit-elle.
Athlète de cross-country et une joueuse d’improvisation, elle a gagné la médaille du lieutenant-gouverneur pour son engagement à son école secondaire.
Sondos Lamrhari est née à Montréal de parents d’origine marocaine. Dès l’âge de six ans, elle a voulu porter le voile musulman.
« Pour faire comme maman », se souvient-elle. Mais ses parents la trouvaient trop jeune et l’ont incitée à prendre son temps. C’est donc vers l’âge de 14 ans qu’elle a choisi de se voiler.
À ceux qui y voient un symbole de soumission de la femme, elle répond : « Ce n’est pas ça. Il y a différentes façons d’être libres. Pour certaines, c’est de porter le moins de vêtements possible. Pour d’autres, le plus possible. »
PAR CHOIX
« Il y en a qui sont peut-être forcés de porter le voile, mais il y a aussi des jeunes qui sont forcés d’aller étudier en sciences de la nature par leurs parents. »
Sa mère lui a rappelé qu’elle est libre de découvrir ses cheveux si un jour cela l’empêchait de réaliser son rêve.
« Mais Sondos m’a répondu : ‘‘rien n’est impossible’’. Elle est tellement positive. »
« Le foulard, je le porte par choix. J’espère que c’est clair », résume Sondos Lamrhari.
Et si un jour cela devient un trop grand obstacle, elle pourra se rabattre sur la Gendarmerie royale du Canada, qui accepte déjà les signes religieux.
Les services de police de Laval et de Montréal indiquent n’avoir jamais eu à se positionner sur la question, faute de demandes.