Enchaînée pour dénoncer son pimp
La témoin a été libérée après deux nuits en détention
La victime d’un proxénète présumé qui a été envoyée en prison pour la forcer à témoigner a finalement été libérée hier, après deux nuits en détention et une journée passée avec des chaînes aux pieds.
« J’ai toujours souhaité être en couple avec [l’accusé], je l’ai toujours aimé, mais il a toujours pensé à l’argent », a expliqué la victime présumée de Julien Leblanc, hier au palais de justice de Montréal.
Pendant toute la journée, la jeune femme de 18 ans a expliqué comment l’accusé l’aurait fait plonger dans la prostitution pendant environ six mois, à l’été 2016. Leblanc, 25 ans, est entre autres accusé de proxénétisme et de traite de personne.
Mais contrairement à d’autres victimes, celle-ci a dû témoigner détenue. Car comme elle ne s’était pas présentée à la cour lors de la dernière audience, le juge David Simon a lancé un mandat d’arrestation contre la jeune femme, qui a été arrêtée lundi.
Tout comme l’accusé, la témoin est donc arrivée au palais de justice en tant que prisonnière, avec des chaînes aux pieds et des menottes aux poignets.
« On peut la démenotter aux mains, mais les pieds, c’est la procédure », a expliqué un responsable des services correctionnels au juge, préoccupé par un tel traitement.
RENCONTRE
Après avoir été prévenue qu’un refus de témoigner pouvait mener à des accusations d’outrage au tribunal, la jeune femme a finalement accepté de répondre aux questions.
Par moment hésitante, la témoin a expliqué qu’elle a rapidement accepté de se prostituer pour Leblanc. Elle était confuse quand l’avocate de la défense Vicky Powell lui a demandé qui gardait l’argent au début, mais elle a assuré qu’à partir d’un certain moment, les recettes étaient divisées en deux.
La victime acceptait par amour, et parce qu’elle croyait que c’était « la bonne chose à faire ».
« Il était parfois gentil, parfois méchant », a-t-elle dit, ajoutant que Leblanc l’avait frappée à trois ou quatre reprises. Dès la fin du témoignage, le juge a ordonné la libération de la victime. Le procès de Leblanc se poursuit aujourd’hui avec le témoignage prévu du père de la victime.