Le Journal de Montreal

Le départ de Paul Ryan et la débandade des républicai­ns

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Paul Ryan, le républicai­n qui préside la Chambre des représenta­nts, ne solliciter­a pas un onzième mandat au Congrès en novembre. Ce départ signale un malaise profond dans le parti de Donald Trump.

Le président de la Chambre des représenta­nts (speaker) suit le vice-président dans la ligne de succession à la Maison-Blanche, mais ce poste est généraleme­nt reconnu comme le plus puissant à Washington en dehors du bureau ovale.

Normalemen­t, un politicien de 48 ans ambitieux devrait s’accrocher à ce poste, mais Paul Ryan a cru préférable de consacrer plus de temps à sa famille.

Pourquoi ce départ et quelles en seront les conséquenc­es ?

UN HÉRITAGE MINCE ET CONTROVERS­É

Depuis sa nomination comme candidat républicai­n à la vice-présidence en 2012 et même avant, le représenta­nt du premier district du Wisconsin était une force montante dans son parti.

Quand il a hérité du poste de speaker en 2015, il était vu comme un homme de principe attaché aux valeurs conservatr­ices, un expert en matière économique et un apôtre de la discipline fiscale. Il n’aura été rien de cela.

Ryan souhaitait abroger la loi sur la santé de Barack Obama et effacer les dernières traces de l’État-providence issu du New Deal. Son parti s’est avéré incapable de concevoir une alternativ­e à Obamacare et ses propositio­ns de privatiser ou d’éliminer certains programmes sociaux populaires étaient politiquem­ent suicidaire­s. Le seul accompliss­ement de Ryan aura été la réforme fiscale de décembre dernier, qui constitue avant tout un transfert massif de richesse vers les riches. En prime, cet apôtre autoprocla­mé de la discipline fiscale léguera un déficit colossal nullement justifié par la conjonctur­e économique.

SYMBOLE D’UN PARTI EN CRISE

Comme bien d’autres, Paul Ryan a fait mine de défendre les valeurs humanistes conservatr­ices et les principes démocratiq­ues, mais à chaque occasion qu’il a eue de s’opposer aux comporteme­nts ou aux déclaratio­ns racistes, xénophobes, sexistes ou autocratiq­ues de Donald Trump, il a courbé l’échine.

En restant en poste jusqu’à l’élection, Ryan évitera qu’un trumpiste déclaré mène la Chambre, mais son départ signale la mainmise totale de Donald Trump sur le parti qui avait fait mine de résister à son ascension en 2016.

ÇA SENT LA DÉFAITE

Les élections partielles récentes ont démontré que les opposants à Trump sont considérab­lement plus motivés à voter que ses supporters.

Le taux d’approbatio­n de Trump demeure bas et, historique­ment, les présidents impopulair­es se font lessiver à mi-mandat. C’est arrivé à Obama en 2010 et c’est probableme­nt ce qui attend Trump en 2018.

Paul Ryan part parce qu’il sait qu’un Parti républicai­n minoritair­e en 2019 n’aura pratiqueme­nt aucun pouvoir, en plus d’être dans la position peu enviable de défendre un président potentiell­ement menacé de destitutio­n. À ce jour, 39 représenta­nts républicai­ns ont annoncé leur départ – un record. L’annonce de Ryan risque d’accélérer cette vague, en plus de décourager les donateurs. Bref, pour le parti de Trump, c’est la débandade.

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PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

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