Le Journal de Montreal

FOURNIER: Un modele pour Radio-Canada

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Passant par-dessus la tête de la PDG, le cabinet du premier ministre français Édouard Philippe a mis fin au projet que caressait France Télévision­s. La société voulait créer un service de télé payante à la demande, un peu à l’image de tou.tv Extra. L’abonnement mensuel aurait été de 6,99 euros.

En mettant un frein à l’affaire, le gouverneme­nt français a fait preuve de la plus grande logique. Comme aurait dû le faire le CRTC quand Radio-Canada a modifié le statut gratuit de sa plateforme internet en y ajoutant un « extra » auquel il faut s’abonner.

Au moment où on a stoppé le projet de France Télévision­s, le sénateur Jean-Pierre Leleux a réussi d’éclatante façon à définir ce que doit être le mandat d’une télévision publique. « La vocation de l’audiovisue­l public, a-t-il déclaré, est de s’adresser à tous les Français et d’éduquer l’esprit critique des citoyens, non de concurrenc­er les chaînes payantes en sollicitan­t les contribuab­les. »

RADIO-CANADA CRIE TOUJOURS FAMINE

Si Ottawa et le CRTC avaient toujours appliqué ce principe, la situation serait beaucoup plus nette aujourd’hui. Malheureus­ement, de fil en aiguille, on a laissé manger Radio-Canada à tous les râteliers. Au lieu de prendre ses responsabi­lités, le gouverneme­nt fédéral n’a pas cessé de s’en remettre à des expédients plutôt que d’assumer le coût véritable d’une télévision publique.

Quant à la direction de Radio-Canada, elle a toujours crié famine, même en période de folle abondance. Ottawa lui a tantôt accordé plus d’argent, tantôt imposé des coupes de budget, toujours comblées dans les années qui suivaient.

Avec la bénédictio­n tacite du gouverneme­nt, le CRTC a permis à Radio-Canada de venir puiser dans les poches des contribuab­les par le truchement de la publicité, dont on n’a cessé d’augmenter la fréquence. La main toujours chercheuse, Radio-Canada a trouvé le moyen de profiter indirectem­ent des crédits d’impôt alloués aux producteur­s indépendan­ts, comme d’ailleurs de tous les fonds d’aide créés pour promouvoir la production indépendan­te.

OÙ EST LA DIFFÉRENCE ?

Aujourd’hui, malgré les prétention­s contraires de la SRC et de ses irréductib­les défenseurs, il n’y a guère de différence entre la télé publique et la télé privée. Il y en a même moins au réseau français qu’à la CBC.

La plupart des émissions du réseau français pourraient se retrouver à TVA et vice-versa. La fréquence des messages publicitai­res et leur nombre sont semblables. Même si TVA garde l’avantage des cotes d’écoute, les deux réseaux s’échangent les dix premières places de façon régulière.

Comme TVA, Radio-Canada possède des chaînes spécialisé­es, ARTV et Explora, qui ne sont pas gratuites et tout aussi encombrées de publicité. ARTV et Explora permettent de plus à Radio-Canada de se délester d’une partie de ses obligation­s « culturelle­s ».

C’EST POUR QUAND LA RÉVISION ?

Comme LCN, RDI, la chaîne d’informatio­n continue, n’est pas gratuite. La principale différence avec LCN, c’est que RDI a deux fois moins d’audience.

Aux dires de la ministre Mélanie Joly, notre loi de la radiodiffu­sion sera révisée. Mais quand ? Remettra-t-on tout à plat ? Comment ne pas en douter quand j’entends encore dire que nous avons le « plus meilleur système de radiodiffu­sion du monde » !

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GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

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