Le Journal de Montreal

L’École nationale de police avait déjà testé des hijabs

L’arrivée d’une étudiante voilée en techniques policières leur donne un échéancier

- DOMINIQUE SCALI – Avec Geneviève Lajoie du Bureau parlementa­ire

L’école nationale de police du québec a déjà commencé à tester des hijabs sportifs pour le jour où des aspirantes comme sondos lamrhari, première étudiante en techniques policières à porter le voile, joindraien­t ses rangs.

Le Journal publiait hier le portrait d’une jeune femme de 17 ans qui étudie au Collège Ahuntsic et rêve de devenir policière tout en conservant son hijab.

La nouvelle a fait vivement réagir les politicien­s à l’Assemblée nationale hier (voir citations), Sondos Lamrhari étant la première au Québec à incarner le débat sur le port de signes religieux chez les policiers.

L’École nationale de police du Québec (ENPQ) n’a pas de règlement qui interdit le hijab ou le turban, mais le code vestimenta­ire à respecter n’en inclut pas, créant ainsi une zone grise.

Tous les futurs policiers de corps municipaux doivent pourtant passer par cet établissem­ent situé à Nicolet.

TESTS PRÉLIMINAI­RES

L’ENPQ avait donc déjà amorcé une réflexion sur le sujet, a appris Le Journal hier.

Mais le fait qu’une aspirante policière risque de frapper à leur porte dans quelques années leur donne une meilleure idée de l’échéancier à viser, explique Pierre St-Antoine, directeur des communicat­ions de l’ENPQ.

« Ça nous donne une date de début et de fin », explique-t-il.

Il y a un peu plus d’un an, l’ENPQ avait commencé à tester la sécurité de hijabs sportifs « de façon préliminai­re », au cas où cela arriverait un jour.

L’École est arrivée à la conclusion que le hijab devait être attaché au moyen d’aimants au niveau du cou pour éviter tout étrangleme­nt.

L’ENPQ doit toutefois poursuivre son analyse avant de se prononcer sur ce qu’elle accepterai­t ou non comme accommodem­ent raisonnabl­e ou comme ajout à son uniforme. La jurisprude­nce doit être étudiée et le ministère de la Sécurité publique consulté, précise M. St-Antoine.

De son côté, le premier ministre Philippe Couillard a de nouveau renvoyé la balle dans le camp des corps de police hier, tout en prenant la défense de la jeune étudiante.

Ses rivaux péquistes et caquistes ont plutôt maintenu leur position voulant qu’un policier ne puisse pas afficher ses conviction­s religieuse­s.

Le débat avait été relancé la semaine dernière par le conseiller municipal Marvin Rotrand, qui demandait à la police de Montréal d’autoriser à ses agents le port du hijab ou du turban, comme c’est le cas ailleurs au Canada. La mairesse Valérie Plante s’était montrée ouverte à l’idée.

L’Associatio­n sikhe mondiale du Canada les a d’ailleurs interpellé­s par communiqué hier, leur enjoignant d’accepter ces couvrechef­s chez leurs policiers. « Il y a maintenant un visage humain sur ce débat, a réagi M. Rotrand. Cette étudiante représente l’avenir du Québec. »

 ??  ?? Sondos Lamrhari est la seule étudiante en techniques policières à porter le foulard. PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE
Sondos Lamrhari est la seule étudiante en techniques policières à porter le foulard. PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE

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