Le Journal de Montreal

Inquiet d’avoir « blessé » quelqu’un

Lors de son appel au 911 après le drame, Alexandre Bissonnett­e a dit qu’il « ne ferait pas de mal à personne »

- KATHLEEN FRENETTE Le visionneme­nt de l’interrogat­oire vidéo se poursuit aujourd’hui.

QUÉBEC | Treize minutes après avoir tué six personnes à la grande mosquée de Québec, Alexandre Bissonnett­e a contacté le 911 et il voulait être rassuré sur le fait que « personne n’avait été blessé ».

D’un ton calme, posé, détaché, Alexandre Bissonnett­e mentionne d’entrée de jeu au répartiteu­r que le tireur du centre culturel islamique, c’est lui. Personne d’autre.

Toutefois, un peu à la façon « Docteur Jekyll et Mr. Hide », Bissonnett­e semble se dédoubler, passer des larmes au rire désespéré, de la bonne collaborat­ion à l’envie « de se tirer une balle dans la tête ».

Tout au long de l’appel, c’est le répartiteu­r Simon Labrecque qui, avec beaucoup de patience, a gardé le tireur au bout du fil alors que celui-ci menaçait de se suicider.

« OK, Alex. Tu restes avec moi OK ? Faismoi une promesse OK ? Celle qu’on va faire ça ensemble, toi et moi », a-t-il dit au jeune meurtrier qui a immédiatem­ent accepté de collaborer. « Je te le jure sur ma tête », a-t-il dit.

LE TON CHANGE

Huit minutes après le début de l’appel, le ton de Bissonnett­e change. Il souffle. Respire fort. Pleure. « Y a personne qui a été blessé au moins ? » demande-t-il, l’inquiétude perçant sa voix.

Cette question, il l’a posée à deux autres reprises et il ne semblait pas comprendre pourquoi le répartiteu­r ne connaissai­t pas la réponse.

« Tu sais, moi, je ne ferais pas de mal à personne. J’ai jamais fait de mal à personne », a alors ajouté le jeune homme qui venait de tuer six personnes et d’attenter à la vie de 40 autres.

Au fil de la conversati­on, les deux hommes vont échanger. Un échange morbide lorsque l’on sait ce qui s’est produit à la mosquée.

Durant de longues minutes, ils ont parlé de littératur­e, de cinéma, du travail d’un répartiteu­r.

Bissonnett­e a mentionné être « un joueur d’échecs » et dit qu’il étudiait en science politique à l’Université Laval.

À 20 h 59, Bissonnett­e dit au répartiteu­r que les policiers lui demandent de sortir de la voiture.

« Fais ce qu’ils te disent Alex… T’as bien fait ça. Je suis fier de toi », a ajouté Simon Labrecque.

Les premières images de l’interrogat­oire vidéo ont également été présentées, hier, en fin de journée.

On y voit alors un Bissonnett­e vêtu de blanc se replier sur sa chaise, essuyer ses yeux les mains serrées en poing, toucher sa poitrine au niveau du coeur, avoir envie de vomir.

Lorsque l’enquêteur Steve Girard lui a demandé s’il se souvenait de l’appel logé au 911, Bissonnett­e, surpris, a répondu : « Ah, ouin… j’ai appelé le 911 ?... Oui, oui… je m’en souviens… c’est comme un flash... »

Pour sa part, le père de Bissonnett­e, présent dans la salle, a à quelques reprises fait un tendre sourire à son fils. Encouragem­ent silencieux pour celui qui risque la prison à vie sans possibilit­é de libération avant 150 ans.

 ??  ?? 1
1
 ??  ?? 2
2
 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? 1. Alexandre Bissonnett­e photograph­ié après avoir été arrêté à la suite de la tuerie à la grande mosquée de Quéec, le 29 janvier 2017. 2. L’arme semi-automatiqu­e 223 de Bissonnett­e s’était enrayée. Elle avait été retrouvée dans la neige par les...
PHOTOS COURTOISIE 1. Alexandre Bissonnett­e photograph­ié après avoir été arrêté à la suite de la tuerie à la grande mosquée de Quéec, le 29 janvier 2017. 2. L’arme semi-automatiqu­e 223 de Bissonnett­e s’était enrayée. Elle avait été retrouvée dans la neige par les...

Newspapers in French

Newspapers from Canada