Le Journal de Montreal

L’utopie de la parité

- Nathalie.elgrably @quebecorme­dia.com

Le débat sur la parité des femmes en politique s’enflamme de nouveau. Plusieurs, dont ma collègue Josée Legault, jugent nécessaire de rendre la parité obligatoir­e. Ce serait une question d’équité, de dignité, de justice sociale et de démocratie. Rien de moins !

Certes, les femmes représente­nt 50,3 % de la population. Mais invoquer cette statistiqu­e relève d’une analyse réductrice.

FAITS

En réalité, les groupes qui forment la société sont rarement représenté­s en fonction de leur poids démographi­que. Par exemple, depuis la Confédérat­ion, 77 % des premiers ministres du Québec étaient membres du Barreau. Aux États-Unis, 14 % des présidents avaient les yeux bruns. Dans les sports, 1 % des joueurs de la NBA sont d’origine asiatique, 4 % des joueurs de la LNH sont noirs, et 25 % des joueurs de baseball sont gauchers. Au Québec, les femmes occupent 58,5 % des emplois de la fonction publique et 90 % des postes en enseigneme­nt au niveau primaire. En revanche, la quasi-totalité des éboueurs, des couvreurs, des pêcheurs et des bûcherons sont des hommes.

D’une part, pourquoi la représenta­tion en fonction du poids démographi­que serait-elle toujours essentiell­e ? D’autre part, si elle l’est, pourquoi ne dénonce-t-on pas l’absence de proportion­nalité dans ces cas-ci ? L’équité et la justice sociale seraient-elles des valeurs à géométrie variable ?

Ce que les défenseurs de la parité semblent ignorer, c’est la distinctio­n, pourtant essentiell­e, entre l’égalité des droits et l’égalité des résultats. La première est acquise. Quant à l’absence d’égalité des résultats, n’allons pas l’imputer à un environnem­ent qui serait hostile aux femmes.

LIBRE

Les femmes sont parfaiteme­nt libres de se présenter en politique. Leur sous-représenta­tion n’est pas tant le fait de la discrimina­tion que celui de choix personnels. L’arène politique est plus qu’un emploi exigeant. C’est un mode de vie qui impose de nombreux sacrifices. Et si les ambitions des femmes se situaient tout simplement ailleurs ?

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