235 M$ de plus pour finir à temps
Le nombre de travailleurs a été augmenté sur le nouveau pont Champlain afin qu’il soit prêt le 21 décembre
Ottawa injecte 235 M$ de plus et a presque doublé le nombre de travailleurs sur le chantier pour terminer le nouveau pont Champlain le 21 décembre prochain.
Infrastructure Canada et le consortium Signature Saint-Laurent (SSL), responsable des travaux, ont annoncé hier matin avoir signé une entente de règlement, mettant fin à une poursuite de 124 M$ engagée en mars 2017 par SSL.
Le coût prévu pour le nouveau pont passe donc de 4,24 G$ à près de 4,5 G$.
« C’est un coût dont on assume la responsabilité, mais ça ne représente que 5 % du coût total du pont », explique Marc Miller, député fédéral et secrétaire parlementaire à Infrastructure Canada.
Mais pour Pierre J. Hamel, professeur en finances publiques à l’INRS, ce surcoût remet en question l’intérêt d’établir des partenariats public-privé (PPP).
« C’est tout à fait ahurissant, quand on nous vendait la formule des PPP, qu’avec ça il n’y aurait pas de surprises. Il n’y a pas de différence avec le public, lâche-t-il. De croire un instant qu’un constructeur privé assume de vrais risques, ce n’est pas vrai. »
ACCÉLÉRATION
L’entente prévoit en premier lieu le versement par Ottawa de 172 M$ pour compenser les coûts engagés par le consortium pour accélérer les travaux.
Les effectifs de travailleurs sur le chantier sont ainsi passés de 675 à l’été 2017, à 850 à l’automne dernier, puis à 1100 aujourd’hui.
« On pourrait en ajouter encore un peu, mais on est proche du maximum, indique Daniel Genest, responsable du projet chez SSL. Actuellement, il y a des travailleurs en action 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et ce dans l’ensemble du projet. »
L’entente règle également pour 63 M$ la question de ce qu’Ottawa appelle les « retards excusables », soit les contretemps liés aux grèves de 2017 des ingénieurs et des travailleurs de la construction, et surtout aux restrictions de transport des lourdes pièces du pont.
Ces restrictions étaient au coeur de la poursuite de SSL en Cour supérieure. Le consortium accusait le gouvernement fédéral de ne pas l’avoir prévenu suffisamment tôt de ces contraintes, ce qui l’a forcé à revoir sa stratégie.
7 À 8 MOIS
Au final, le retard a été évalué l’été dernier à 7 ou 8 mois.
« Un tel retard aurait engendré des coûts de 300 M$, sans compter les frais pour garder en vie l’ancien pont Champlain », affirme Chantal Côté, directrice principale du projet pour Infrastructure Canada.
En plus de retirer sa poursuite, SSL s’engage à terminer les travaux dans les délais. Une date butoir a été fixée au 21 décembre prochain.
Au-delà, les pénalités restent inchangées, soit 100000 $ par jour pour la première semaine et 400000 $ par jour par la suite.
ACHÈVEMENT SUBSTANTIEL
Infrastructure Canada précise que l’objectif est d’atteindre à cette date un « achèvement substantiel », ce qui veut dire qu’il restera des finitions à terminer.
« Il sera possible de rouler en auto sur trois voies dans les deux sens, et l’accotement sera prêt à accueillir des autobus, mais la piste multifonctionnelle pour piétons et cyclistes ne sera pas prête, par exemple », précise Daniel Genest.
D’autres raccordements autoroutiers sont également planifiés en 2019.
– Avec la collaboration de Hugo Joncas