Animaux dangereux sous surveillance
Un règlement instauré dans plus de 20 villes force les propriétaires à prendre leurs responsabilités
Un règlement imposant de strictes conditions de garde à des propriétaires de chiens dangereux et ne ciblant aucune race en particulier fait des petits en Montérégie, alors que plusieurs municipalités s’apprêtent à l’adopter.
Notamment en vigueur à Bromont et Cowansville, qui ont été précurseures, le règlement pourrait être adopté par 21 villes de la MRC Brome-Missisquoi d’ici juin.
L’intérêt de l’exercice ? « Ça va faciliter le travail des policiers, qui devront faire respecter un seul règlement », fait valoir Sylvie Dionne-Raymond, préfète de la MRC.
MODÈLE À SUIVRE
Le contrôleur animalier du secteur, Carl Girard, estime que Québec et les municipalités de la province devraient s’inspirer du règlement des deux villes où des propriétaires d’animaux dangereux peuvent être appelés à respecter des conditions adaptées aux risques que représente l’animal (voir tableau).
« Les conditions sont choisies en fonction des caractéristiques de l’animal, comme le niveau d’agressivité, sa grosseur. C’est du cas par cas, car il faut demeurer pertinent dans notre choix. On ne peut pas demander à un chihuahua de porter une muselière », image-t-il.
Si les propriétaires ne veulent pas se plier aux conditions imposées ou celles-ci ne sont pas respectées, l’euthanasie peut être demandée.
« C’est vraiment en dernier recours, affirme Carl Girard, de la Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons. On donne l’occasion aux maîtres de se responsabiliser pour qu’il n’y ait pas d’autres incidents. »
Les conditions de garde sont choisies « au cas par cas », afin qu’elles soient « adaptées à l’animal dangereux ».
PAS DE RACE CIBLÉE
Le règlement ne cible aucune race en particulier. Les élus des deux villes estiment ainsi mieux protéger leur population qu’en visant seulement les pitbulls, qui ont fait les manchettes depuis quelques années. D’ailleurs, le règlement ne vise pas que les chiens.
« Sous la désignation “animal dangereux”, on englobe tout. On sait très bien que ce ne sont pas que les pitbulls qui sont dangereux », explique la mairesse de Cowansville, Sylvie Beauregard.
Un point de vue partagé par le maire de Bromont, où le règlement a été modifié en 2016.
« On avait dû faire volte-face, car on parlait seulement des pitbulls. Nous avons eu plusieurs cas de chiens dangereux n’impliquant pas cette race », fait valoir Louis Villeneuve, rappelant qu’il est bien difficile de prouver qu’un chien est bel et bien un pitbull.
CARLO, « UNE ARME PRÊTE À TUER »
Le règlement de Cowansville, entré en vigueur en septembre 2017, a fait ses preuves en cour municipale, au début du mois de mars.
Carlo, un berger allemand de 117 livres, était la terreur de son quartier, où il a été impliqué dans six incidents répertoriés par la SPA des Cantons, dont une morsure sans conséquences graves.
Le molosse était même utilisé par ses maîtres pour intimider les voisins.
Les conditions – de le tenir en laisse et de lui faire porter une muselière – imposées aux propriétaires n’ont pas été respectées. En vertu du règlement, la Ville a donc demandé à la cour municipale l’euthanasie du chien dangereux, qui a été accordée.
« Des chiens agressifs comme lui, c’est comme une arme prête à tuer. J’ai le choix entre protéger un humain et un chien. Je choisis la personne avant tout », conclut Carl Girard.