Le Journal de Montreal

Une aînée fraudée par le biais d’un site de rencontres

- EMMANUELLE GRIL

Marie-Louise a 73 ans. Séparée depuis plusieurs années, elle a rencontré un homme par le biais d’un site de rencontres sur internet. En deux ans de relation virtuelle, elle lui a fait parvenir des sommes importante­s, ce qui la place aujourd’hui dans une position précaire.

Bien qu’il se fasse passer pour un résident de la Grande-Bretagne, plusieurs indices laissent croire que l’homme en question est en fait originaire d’Afrique de l’Ouest et qu’il ment sur sa véritable identité. Comment a-t-il réussi à extorquer de l’argent à Marie-Louise ? Il lui a fait croire qu’il était sur le point de recevoir un héritage et qu’il avait besoin d’une simple avance afin de pouvoir encaisser un gros chèque. « Au fil du temps, il a multiplié les mensonges et inventé toutes sortes d’histoires. Il lui a aussi dit qu’il était très malade, à l’article de la mort, et qu’il ne pouvait s’offrir les soins de santé nécessaire­s pour sauver sa vie », ajoute Émilie Nadon, syndique autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

UNE DETTE INSURMONTA­BLE

Marie-Louise n’a cessé de faire parvenir de l’argent à cet homme, allant jusqu’à dilapider ses FEER (un montant de 60 000 $) et vendre ses meubles. Même ruinée, elle a continué à emprunter 35 000 $ sur ses cinq cartes de crédit. Le subterfuge semblait tellement cousu de fil blanc que même la firme de transfert de fonds a fini par refuser d’envoyer l’argent de la femme âgée à l’étranger. Celle-ci a fait le tour de tous les bureaux de Western Union de la ville et s’est fait claquer la porte au nez dans chacun de leurs bureaux.

Fortement endettée et ne pouvant compter que sur sa rente de retraite, elle est allée demander conseil à un syndic en insolvabil­ité sous la pression de son entourage.

« Marie-Louise touche 1772 $ par mois de rente de retraite, et doit assumer 1581 $ de dépenses mensuelles. Sa marge de manoeuvre est mince pour faire face à ses dettes de crédit », mentionne Émilie Nadon.

Il faut dire que pour rembourser ces 35 000 $, il lui faudrait débourser 725 $ par mois pendant 10 ans. Avec un taux moyen d’intérêt de 22 %, elle devrait payer 52 914 $ en intérêt, soit un total de 87 914 $, une somme énorme pour cette personne retraitée dont les revenus sont limités.

La syndique a proposé à Marie-Louise de faire faillite afin de pouvoir se libérer de sa dette et de repartir à zéro. Bien sûr, son dossier crédit sera entaché et Marie-Louise ne pourra plus obtenir de crédit pendant longtemps. Une excellente façon de la protéger d’elle-même, observe Émilie Nadon. « Ainsi, elle sera dans l’incapacité d’envoyer de l’argent à l’homme qui la fraude depuis deux ans. Car même après sa faillite, elle ne semble toujours pas avoir repris ses esprits. Elle croit encore qu’il viendra lui rendre visite au Québec et lui rembourser l’argent qu’il lui doit », dit-elle.

La syndique met aussi en garde les aînés contre les fraudes et la manipulati­on. « J’ai déjà aidé un homme de 80 ans dont la nouvelle conjointe de 29 ans l’a littéralem­ent ruiné avant de le quitter », prévient Mme Nadon.

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