Le Journal de Montreal

La fortune n’est pas au rendez-vous

Après les JO de Pyeongchan­g, les athlètes canadiens reviennent à la dure réalité

- Danny Joncas

Maintenant que l’on a bel et bien tourné la page sur les Jeux olympiques et paralympiq­ues de Pyeongchan­g et que les athlètes canadiens ayant triomphé en Corée du Sud ont complété leur tournée médiatique une fois rentrés au pays, place au dur retour à la réalité pour bon nombre d’entre eux.

Contrairem­ent aux Carey Price, Sidney Crosby, LeBron James, Roger Federer et autres athlètes profession­nels qui ont participé aux Jeux olympiques dans le passé, les athlètes amateurs ne nagent pas dans les millions et ne sont pas adulés par une horde de partisans 365 jours par année. Plusieurs des athlètes qui consacrent une partie de leur vie à s’entraîner afin de représente­r leur pays le font souvent dans l’anonymat et avec des moyens financiers limités.

On retrouve bien entendu quelques exceptions. Des athlètes olympiques comme le nageur Michael Phelps, le sprinter Usain Bolt et la gymnaste Simone Biles vivent très bien de leur sport et peuvent se permettre de dire non à certains commandita­ires.

Au Canada, de tels cas sont extrêmemen­t rares. À la suite de ses succès aux Jeux d’été de Rio en 2016, le jeune sprinter Andre De Grasse a signé une entente de commandite d’une valeur de plus de 10 millions de dollars avec le fabricant de souliers Puma.

Parmi les autres athlètes canadiens jouissant d’une bonne visibilité, on compte les soeurs Dufour-Lapointe, le couple Tessa Virtue-Scott Moir, Patrick Chan, Jennifer Abel et Mikaël Kingsbury, entre autres. On les voit dans différente­s publicités de commandita­ires du Comité olympique canadien et certains d’entre eux ont bâti leur propre image de marque. Or, il ne s’agit que d’une infime proportion des athlètes canadiens.

Certains diront qu’il ne faut pas pleurer sur le sort des athlètes canadiens puisque le gouverneme­nt fédéral finance le sport amateur et qu’une partie de ces fonds est directemen­t versée aux athlètes. Ce n’est pas faux, sauf que plusieurs de ces athlètes gagneraien­t mieux leur vie à occuper un emploi régulier.

VIVRE AVEC 1500 $ PAR MOIS

Jusqu’à tout récemment, les athlètes admissible­s au Programme d’aide aux athlètes recevaient 1500 $ par mois du gouverneme­nt canadien. Ce montant était demeuré inchangé depuis 2004. L’automne dernier, les athlètes ont reçu la confirmati­on qu’ils auraient droit à une augmentati­on de 18 %.

À cette allocation mensuelle s’ajoutent des subvention­s provincial­es de même que certains crédits pour les frais de scolarité et soutiens supplément­aires dans des circonstan­ces particuliè­res.

Néanmoins, une récente étude menée par la firme Ekos pour le compte du ministère du Patrimoine canadien révèle qu’à elles seules, les dépenses associées au sport s’élèvent à environ 1500 $ par mois. C’est sans compter les frais d’hébergemen­t et de subsistanc­e alors que les athlètes doivent souvent s’établir dans des endroits où le coût de la vie est élevé, comme Calgary ou Whistler.

Mince consolatio­n alors que selon cette même étude, il semble que le nombre d’athlètes devant s’endetter pour atteindre leur rêve olympique diminue au pays.

Cette dernière donnée peut s’expliquer en partie par des bonis liés aux performanc­es, par exemple l’obtention d’une médaille, ou une augmentati­on des investisse­ments en matière de sport amateur comme le programme À nous le podium, mis de l’avant sous l’ancien gouverneme­nt de Stephen Harper à l’approche des Jeux de Vancouver de 2010.

Bref, malgré des améliorati­ons récentes, les athlètes amateurs ne bénéficien­t pas des mêmes conditions que leurs homologues oeuvrant au sein de circuits profession­nels.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Andre De Grasse
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