Le Journal de Montreal

Quinze ans de métamorpho­se du PLQ

- FATIMA HOUDA-PEPIN

Députée de La Pinière sous la bannière libérale, de 1994 à 2014. Première vice-présidente de l’Assemblée nationale de 2007 à 2012.

Que reste-t-il du PLQ après 15 ans de gouverneme­nt Charest-Couillard, du 14 avril 2003 au 14 avril 2018, sauf pour un court intermède de 18 mois du gouverneme­nt minoritair­e de Pauline Marois ?

Je fus, à titre de députée de La Pinière, de 1994 à 2014, dans l’opposition et au pouvoir. J’ai apprécié chaque jour de mes 20 ans d’engagement à servir les citoyens de ma circonscri­ption et à défendre les intérêts supérieurs du Québec.

UN PARCOURS ET TROIS CHEFS

J’étais la dernière candidate à avoir été annoncée par le PLQ, en août 1994, « la 125e rouge » titrait Le Soleil. Je faisais partie des candidats-es et députés qui avaient sillonné le Québec, lors de l’élection générale et de la campagne référendai­re de 1995.

Étant libérale de philosophi­e avant de l’être de parti, je suis arrivée au PLQ alors qu’il était encore imprégné de l’empreinte du premier ministre Robert Bourassa. Tout en étant fédéralist­e, il se considérai­t, d’abord et avant tout, comme Québécois et plaçait les intérêts du Québec avant toute chose. C’était là où je logeais. Le sondage Léger, publié dans

Le Journal, aujourd’hui, le désigne comme le premier ministre le plus estimé des Québécois, des 25 dernières années. On est loin de M. Couillard qui fait ses discours en anglais à l’internatio­nal, sans que cela lui fasse une ride.

J’ai partagé la tribune avec M. Jean Charest, pour la première fois, lors des deux rassemblem­ents du NON, de 1995, celui du 17 septembre, à Saint-Joseph-de-Beauce, où il avait brandi son emblématiq­ue passeport contre la séparation du Québec et celui du 24 octobre, à l’auditorium de Verdun.

LA LOYAUTÉ CE N’EST PAS L’OBÉISSANCE

Il avait injecté une telle dose d’adrénaline dans le débat terne du camp du NON qu’il avait impression­né les militants libéraux. Son élan d’émotion et sa proximité avaient préparé son atterrissa­ge à la tête du PLQ, en avril 1998.

La loyauté pour moi c’est l’intégrité et non l’obéissance. Ma première loyauté a toujours été envers les citoyens de La Pinière, indépendam­ment de leurs allégeance­s.

La plupart des députés, tout parti politique confondu, arrivent en politique avec l’ambition de changer les choses. Ils le font au prix de grands sacrifices. Un travail qui n’est malheureus­ement pas reconnu à son mérite.

Sur les enjeux qui me tenaient à coeur, je me faisais un devoir de m’exprimer au caucus des députés ou en privé, avec le premier ministre et son directeur de cabinet.

Il fallait batailler pour attirer des investisse­ments majeurs dans le comté en matière de transport, de santé, d’éducation, de développem­ent économique, de famille, etc. J’ai toujours eu une collaborat­ion exemplaire de M. Charest et livré mes engagement­s.

Pour ce qui est des politiques publiques, il faut mettre à son actif, la parité au sein du Conseil des ministres et des sociétés d’État et la défense du statut du Québec au sein du Canada.

J’ai eu ma dose de désaccords avec lui, mais j’ai toujours été solidaire de mon gouverneme­nt tout en menant mes combats de l’intérieur. C’était le cas notamment sur la centrale au gaz du Suroît (étant députée de la Montérégie, elle était dans ma cour), sur les fusions municipale­s, les accommodem­ents raisonnabl­es, la charia au Québec et au Canada, la lutte à la collusion et la corruption, etc. (J’y reviendrai­s dans mes prochaines chroniques.)

Mais même sur les questions qui fâchent, M. Charest a toujours manifesté de l’ouverture. Il m’est arrivé d’être seule, au début, à défendre un point de vue et à la réflexion, les choses avaient évolué. Il faut lui reconnaîtr­e une grande qualité, sa capacité d’écoute. Pas pour rien que les députés et les militants libéraux se sentent orphelins de chef et s’ennuient terribleme­nt de lui.

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Fatima Houda-Pepin en 1998, lors de la première campagne électorale de Jean Charest comme chef libéral.
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